La photographe Oriane Robaldo révèle l’authenticité dans l’intimité

26 janvier 2023   •  
Écrit par Lou Tsatsas
La photographe Oriane Robaldo révèle l’authenticité dans l’intimité

Véritable amoureuse des gens, la photographe française Oriane Robaldo s’attache à révéler la beauté pure de celles et ceux qui passent devant son objectif. Une collection de portraits charmants interrogeant, en contrepoint, le médium et son rapport au réel.

« J’ai toujours été un peu fascinée par les gens autour de moi, aimé travailler main dans la main avec mes modèles, pour les rendre belles et beaux et les pousser vers le haut. Un shooting réussi ? C’est quand quelqu’un se plaît dans mes images, c’est une vraie collaboration », raconte Oriane Robaldo. Originaire du sud de la France – où elle a développé un amour pour la lumière naturelle et le paysage méditerranéen – la jeune photographe poursuit aujourd’hui ses études en histoire de l’art à Paris. C’est un peu par hasard, au lendemain d’une soirée entre ami·es, qu’elle se lance dans le 8e art. « Je suis tombée sur un vendeur de boîtiers argentiques dans un marché à Nation qui nous a poussées, ma copine et moi, à en acheter un chacune », se souvient-elle. Si à l’époque la jeune femme se considère « davantage théoricienne qu’artiste », elle débute une exploration créative qui ancre sa passion.

Corps libérés, fête, exaltation, libération… Dans ses clichés – souvent pris à l’argentique – Oriane Robaldo tient à révéler la simple beauté de l’existence. La légèreté, la joie qui guide et anime les êtres, l’authenticité qui forge les identités. Et bien qu’elle ne se considère pas militante, sa fascination pour les communautés, les esthétiques et les styles atypiques, tout comme son amour pour les ballads de Nan Goldin la conduisent à sublimer une troupe de modèles aux allures aussi singulières que marquantes. En résulte une collection de portraits d’une sincérité touchante, où la beauté est multiple, nuancée, déconstruite, où les personnalités brillent et éclipsent les carcans si durement vissés au cœur de notre société.

© Oriane Robaldo

Cultiver son regard

Pourtant, malgré l’apparente candeur de ses thèmes de prédilection, Oriane Robaldo interroge, grâce à la photographie, les notions de souvenir, comme de réel. « Parfois, je me sens obsédée par l’image. J’ai peur de regretter de ne pas prendre “la” photo, mais au final, je ne vis pas le moment présent. En essayant sans cesse de se rappeler, ne perd-on pas finalement la chose essentielle ? », se questionne-t-elle. Une dépendance à l’image poussée à l’outrance par l’avènement du smartphone et des réseaux sociaux… Et un travers que l’artiste parvient à apaiser grâce à l’argentique. « En dehors de son coût, cette pratique impose plus de contraintes : elle aiguise l’œil, nous pousse à choisir le bon moment et à nous dépasser, c’est un exercice que je recommande à tous·tes ! », poursuit-elle.

Et, déterminée à immortaliser l’instant-clé, celui qui compte et raconte, l’autrice prend également du recul sur sa propre création. Que convoquent ces situations, figées par l’impression ? Sont-elles le reflet du réel, ou une distorsion de sa propre vision des événements ? Pour Oriane Robaldo, « ce sont des cadrages sur lesquels on appose un imaginaire collectif ». Un exercice qui la conduit même à laisser planer le mystère quant aux localisations de ses clichés. « J’ai presque envie de ne pas dévoiler la réponse : ma photo est prise où on veut, finalement », s’amuse-t-elle. Séance de maquillage avant une sortie, promenade urbaine, danse décomplexée, ivresse d’une soirée… Guidée par ses explorations visuelles et intellectuelles, la photographe « cultive [s]on regard », étudie ses modèles, scrute la foule à la recherche d’une étincelle. D’une fulgurance éphémère qui lui donne envie d’appuyer sur le déclencheur pour révéler la grâce de celui ou celle qu’elle contemple. Comme une image prise au moment où l’on ôte son masque, où on dévoile son « moi » le plus authentique : non pas sobre et ordinaire, mais ruisselant de strass, de couleurs, de dentelles et de confiance.

© Oriane Robaldo

© Oriane Robaldo© Oriane Robaldo

© Oriane Robaldo

© Oriane Robaldo

© Oriane Robaldo

© Oriane Robaldo© Oriane Robaldo

© Oriane Robaldo

© Oriane Robaldo

Explorez
Arpita Shah et la transmission des récits féminins
© Arpita Shah
Arpita Shah et la transmission des récits féminins
À travers sa série Nalini, la photographe indo-britannique Arpita Shah explore l’histoire de sa famille et des générations de...
12 septembre 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Caroline Furneaux : l'amour en boîte
Rosa, The Mothers I Might Have Had © Caroline Furneaux
Caroline Furneaux : l’amour en boîte
Dans son ouvrage The Mothers I Might Have Had, Caroline Furneaux exhume l'archive intime de films 35 mm de son père décédé pour une...
11 septembre 2025   •  
Écrit par Lou Tsatsas
InCadaqués Festival : Lieh Sugai remporte le Premi Fotografia Femenina 2025
© Lieh Sugai
InCadaqués Festival : Lieh Sugai remporte le Premi Fotografia Femenina 2025
Le Premi Fotografia Femenina Fisheye x InCadaqués a révélé le nom de sa lauréate 2025 : il s’agit de Lieh Sugai. Composée de...
10 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
L'errance incarnée par Alison McCauley
© Alison McCauley, Anywhere But Here
L’errance incarnée par Alison McCauley
Avec Anywhere But Here (« Partout sauf ici », en français), Alison McCauley signe un livre d’une grande justesse émotionnelle. Par une...
10 septembre 2025   •  
Écrit par Milena III
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Annissa Durar : une cueillette visuelle de senteurs
The Rose Harvest © Annissa Durar
Annissa Durar : une cueillette visuelle de senteurs
La photographe américano-libyenne Annissa Durar a documenté, avec beaucoup de douceur, la récolte des roses à Kelâat M’Gouna, au sud du...
13 septembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Arpita Shah et la transmission des récits féminins
© Arpita Shah
Arpita Shah et la transmission des récits féminins
À travers sa série Nalini, la photographe indo-britannique Arpita Shah explore l’histoire de sa famille et des générations de...
12 septembre 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Samuel Bollendorff : comment alerter sur la crise écologique ?
#paradise - curateur : Samuel Bollendorff.
Samuel Bollendorff : comment alerter sur la crise écologique ?
Le festival de photojournalisme Visa pour l’image revient pour sa 37e édition jusqu'au 14 septembre 2025. Parmi les 26 expositions...
12 septembre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Couldn’t Care Less de Thomas Lélu et Lee Shulman : un livre à votre image
Couldn't Care Less © Thomas Lélu et Lee Shulman
Couldn’t Care Less de Thomas Lélu et Lee Shulman : un livre à votre image
Sous le soleil arlésien, nous avons rencontré Lee Shulman et Thomas Lélu à l’occasion de la sortie de Couldn’t Care Less. Pour réaliser...
11 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet