C’est en déménageant à l’étranger, il y a dix ans, que la photographe russe Kira Gyngazova a ressenti pour la première fois le besoin de photographier son quotidien. « J’ai acheté un boîtier argentique sur eBay et j’ai commencé à capturer des détails de la ville », se souvient-elle. Aujourd’hui installée à Bangkok, elle vit de cette passion soudaine. « Fascinée par le 7e art, je suis tombée amoureuse de la beauté cinématographique du territoire. Je me suis vite tournée vers la street, et j’ai commencé à réaliser des projets personnels avec des amis et des modèles », précise-t-elle. Il y a, dans les clichés de Kira Gyngazova, une certaine nostalgie, une solitude latente qui enveloppe les décors et les silhouettes. « Être immigrant signifie passer beaucoup de temps seul. Même les métropoles les plus peuplées peuvent paraître désertes, parfois. J’aime ajouter cette émotion à mes images, elle me correspond bien », confie-t-elle. Inspirée par les films de Paul Thomas Anderson, David Lynch ou encore Andrei Tarkovsky, la photographe réalise des clichés étranges, alliant mystère et lyrisme. En déconstruisant les corps et les compositions, elle bâtit un univers sensoriel, à la fois sensuel et dépeuplé.
© Kira Gyngazova