« De manière générale, je m’intéresse à la photographie conceptuelle. Je crois que l’intensité et l’agressivité de mes prises de vues font partie intégrante de mon style ». C’est ainsi que Kristina Rozhkova introduit son approche du médium. Installée à St-Petersbourg — où elle suit des cours d’art à l’école Fotografika −, l’artiste russe de 25 ans développe une œuvre abrupte à l’esthétique incisive, dépourvue de retouches. Dans son dernier projet, intitulé The Bliss of Girlhood — ou Girls −, elle examine le passage de l’enfance à l’âge adulte. Elle interroge cet entre-deux, cette zone latente, parfois floue, où les états d’esprit et les corps muent au diapason, où la puberté s’impose et où les désirs de chairs sont clandestins. Ici, elle s’amuse à juxtaposer des thématiques opposées : sujets naïfs et juvéniles sont mêlés à des éléments érotiques, crus, voire violents. « Le thème de “Girls” est plutôt de pouvoir attraper et réexaminer ce moment liminal que j’ai moi-même dépassé. Cette série est une tentative d’aller au cœur de la vitalité en tant que concept, d’examiner la vie sous toutes ses formes. L’“enfance” et la “félicité” convergent avec la “sexualité agressive” et l’“inquiétude” » explique-t-elle. Si l’approche de Kristina Rozhkova interroge autant qu’elle perturbe, elle parvient néanmoins à insuffler l’idée que nous sommes faits de contradictions, et que c’est précisément cela qui nous rend fascinants.
© Kristina Rozhkova