Le Prix Carmignac du photojournalisme a annoncé les lauréat·es de sa 13e édition : une équipe composée d’Anas Aremeyaw Anas, Muntaka Chasant et Bénédicte Kurzen qui enquêtent sur l’impact causé par les déchets électroniques au Ghana.
Pour sa 13e édition, le Prix Carmignac du photojournalisme s’est tourné vers un pays : le Ghana, et vers les défis écologiques et humains associés aux flux transfrontaliers de déchets électroniques qu’il traverse. Doté d’une bourse de 50 000 euros, l’événement entend permettre à une équipe de photographes et journalistes de réaliser un reportage de terrain de six mois. À leur retour, leur création apparaît au sein d’une exposition itinérante et sous la forme d’un livre monographique. Une récompense leur donnant l’opportunité de développer une narration complexe, à l’image de la thématique choisie. Succédant à Fabiola Ferrero, et récompensé·es au festival Visa pour l’Image, le journaliste et activiste Anas Aremeyaw Anas et les photojournalistes Muntaka Chasant et Bénédicte Kurzen ont remporté le Prix Carmignac 2023.
Un projet fait de contrastes et de nuances
« En 2019, le monde a généré 53,6 millions de tonnes de déchets électroniques, soit une augmentation de 21 % en cinq ans. Cela fait des smartphones, tablettes, ordinateurs et autres appareils mis au rebut non seulement l’une des plus grandes sources de déchets, mais aussi très précieux – puisqu’ils contiennent des métaux tels que l’or, l’argent, le platine. Si cette tendance continue, et en l’absence de solutions durables de recyclage ou de réparation, ces déchets électroniques atteindront 74 millions de tonnes métriques d’ici 2030 », annonce la Fondation Carmignac. Une véritable invasion qui – ayant déjà contaminé l’Asie, l’Europe et les États-Unis – se concentre aujourd’hui au Ghana, désormais considéré comme « la poubelle du monde ».
Un constat dramatique sur lequel enquêtent les trois lauréat·es. Mêlant photographies, vidéos, enregistrements audio et écriture, iels développent un projet fait de contrastes et de nuances. Bénédicte Kurzen s’intéresse aux flux de déchets électroniques et aux communautés qui les activent, soulignant en contrepoint la passivité de la bureaucratie européenne. À Accra, Muntaka Chasant se plonge dans une analyse sociologique de cette économie. Enfin, Anas Aremeyaw Anas infiltre les ports de la capitale pour révéler les flux de déchets – légaux comme illégaux. Ensemble, iels tissent une œuvre réfléchie où s’entrecroisent pollution extrême et opportunités cruciales.