Après la fermeture de la galerie gb agency en 2023, la Collection Lambert à Avignon entend rendre hommage à cette institution novatrice avec l’exposition Le rôle d’une vie, ouverte jusqu’au 29 septembre.
En décembre 2023, la galerie gb agency annonçait sa fermeture définitive. Aujourd’hui, la Collection Lambert présente Le rôle d’une vie, dans le cadre du Grand Arles Express, une exposition qui revient sur une belle page de l’histoire de l’art et des galeries au cours des trente dernières années.
Créée dans les années 1990, gb agency s’est construite dans un contexte où l’Europe se confrontait à des récits, des aspirations et des idéologies différentes. Ses expositions « expérimentent des équivalences de valeurs » à un moment où le néo-libéralisme ne cesse de mourir et de se renouveler sous de nouvelles formes. Elle s’est imposée comme un lieu exceptionnel de recherches cultivant une lecture distanciée du réel et relisant l’histoire de l’art d’une façon non-linéaire. Les productions et les partis pris des galeristes racontent un monde dans lequel des problématiques globales côtoient des questionnements plus immédiats. L’intime devient politique et le collectif et l’individu se répondent sans cesse. Son ambition ? Raconter des parcours non-conventionnels, loin de mouvements balisés et validés. Les œuvres de Robert Breer, représenté par la galerie, incarnent bien cet état d’esprit : « La vie traverse l’espace d’exposition, qui devient le terrain où se jouent de façon organique et libre, les mouvements du corps et les relations humaines. »
Elina Brotherus, une figure iconique des années 1990-2000
L’exposition Le rôle d’une vie laisse une grande place à la photographe Elina Brotherus, une figure iconique des années 1990-2000. Ses clichés s’affirment comme une exploration constante de la lumière, de l’espace et du temps. La photographe est diplômée à la fois en art et en chimie analytique, et développe ainsi un univers photographique empreint d’inspirations et de savoirs scientifiques. Sa pratique est minutieuse, rigoureuse et méthodique. Pourtant, cette apparente froideur, laisse une large place à l’intimité et au récit personnel autour de la nature. Au cœur de l’exposition à la Collection Lambert, est présentée sa série Large de vue, Hommage à Erik Satie. Une longue frise de clichés. Sur chacune des vitres des cadres, un mot est gravé. La photographe s’inspire ici d’Aperçus désagréables, une pièce pour piano à quatre mains créées en 1912 par Erik Satie. La photographe finlandaise avait fait l’objet d’une rétrospective à la galerie en 2010, exposant une large sélection de photographies issue de différentes séries dans une scénographie inspirée des salons français du 19e siècle.