Si les univers artistiques de Mip Pava et Mélanie Challe sont différents, les deux artistes s’intéressent toutes deux à la notion de perception. Voici les coups de cœur de la semaine.
Mip Pava
Éducatrice de profession, Paméla Lefebvre, alias Mip Pava, photographe de 36 ans installée à Rennes, pratique le 8e art depuis cinq ans. Adepte de l’argentique comme du numérique, elle réalise des projets poétiques, sortes de récits visuels délicats. « J’essaie de traduire en image la sensibilité de ce que je vis, perçois et ressens », confie-t-elle. Dans sa série Au royaume du pélican, l’artiste s’est intéressée à l’enfance. « Ce projet est construit comme un conte sans paroles, un récit onirique qui illustre cette période de la vie », précise l’auteure. Tantôt réalistes, tantôt métaphoriques, les images de Mip Pava brouillent les frontières entre les mondes et invitent l’imaginaire dans le quotidien. En jouant avec les contrastes et l’intemporalité du noir et blanc, elle construit un univers merveilleux. Un bel hommage à l’innocence et à la perception d’un enfant.
© Mip Pava
Mélanie Challe
Mélanie Challe, 37 ans, photographe et vidéaste, habite à Paris, et partage son temps entre le travail de commande et ses projets personnels. Il y a 13 ans, après un master en marketing, elle a refusé un CDI et une situation très confortable pour partir en Australie. « Je me suis formée en assistant des photographes et j’ai exposé une première série. Cela m’a encouragé à poursuivre », se souvient-elle. Pour l’artiste, la photographe est un langage pour exprimer l’indicible. « Mon approche photographique se tourne sur la notion d’intériorité et de mouvement. Chaque série a une approche chorégraphique du modèle ou de moi même, avec un rapport à l’espace, au mouvement et à la séquence. Le corps est toujours présent au sens propre ou figuré », explique-t-elle. L’artiste aime expérimenter et jouer sur les décalages pour questionner ce qui est généralement admis. Très souvent, elle travaille à partir d’un protocole. « Je répète un geste simple et singulier, pour arriver à un équilibre », explique-t-elle. Sa série Vision intérieure, en est un parfait exemple. « Comment percevoir l’autre et le monde ? Comment le regard d’autrui se saisit du nôtre ? Le spectateur devient différemment sensible aux autres sens, au langage corporel et à l’environnement de la personne photographiée. Du côté du sujet photographié, privé de son outil visuel, les réactions sont multiples, du repli sur soi à l’ouverture enjouée. Le protocole offre une place privilégiée à l’imaginaire, à l’intériorité, à la spiritualité », précise-t-elle.
© Mélanie Challe