Cette semaine, nos photographes coups de cœur n’hésitent pas à s’inspirer d’autres formes artistiques pour créer. Leur point commun ? Leur faculté à illustrer des sentiments mélancoliques avec des clichés colorés.
Pierre Édouard
« Grand amateur d’art, je puise mon inspiration dans les œuvres de peintres, tels que Pietr Mondrian, Kasimir Malevitch ou encore Mark Rothko. L’architecte Frank Gehry et les réalisateurs Denis Villeneuve et Jim Jarmusch m’influencent également »
, confie Pierre Édouard, 27 ans. C’est grâce à son père que l’auteur a découvert le 8e art. À 18 ans, il reçoit son premier boîtier et découvre son amour pour le médium. « Depuis, j’ai pu parfaire ma vision, et développer une esthétique simple, épurée, mais brute à la fois », poursuit-il. Minimalistes et colorées, ses créations reflètent un désir de saisir la poésie de l’urbain. « Je dirais que c’est la dualité qui me définit. Je prends d’abord en photo une matière brute (un mur), et j’y ajoute un autre composant : le ciel. Ces deux matières se confrontent : le fabriqué, l’artificiel, la construction humaine, le palpable, puis le ciel, la nature, l’infini, le vide », explique-t-il. À travers ses réalisations graphiques, l’artiste explore d’autres thèmes qui lui sont chers : « la solitude, la mélancolie, l’immensité de l’espace confronté à l’humain, si petit ». Une série de contradictions formant un ensemble harmonieux.
© Pierre Édouard
Eda Güngör Korçak
Installée à Ankara, en Turquie, Eda Güngör Korçak travaille comme urbaniste au sein du gouvernement. Depuis neuf ans, le 8e art s’impose comme une passion dans sa vie, au même titre que le théâtre et le cinéma. « L’art est un voyage spirituel. J’essaie de raconter mon histoire sans en donner la signification. J’aime que le spectateur imagine sa propre expérience à travers mon récit. L’art n’a pas besoin d’être raconté, l’art doit être compris », confie l’artiste. À l’origine de la série women&doors&walls ? Les souffrances de la photographe. Quant aux mots-clés du projet ? La mort, le deuil, et l’attente. « L’art est très précieux lorsqu’il se nourrit de l’expérience et des sentiments. Comme dit le proverbe “Le temps est le meilleur remède”. Nos corps sont usés comme des portes et des fenêtres dans le temps. Peu importe combien nous peignons ou réparons nos murs, nous nous usons. Nos failles ne sont pas dissimulables », précise l’artiste. Dans ces triptyques, le corps féminin se protège derrière des murs et s’émancipe par des portes ouvertes à la liberté.
© Eda Güngör Korçak
Image d’ouverture © Eda Güngör Korçak