Si nos coups de cœur #359 explorent des esthétiques bien différentes, tous deux aiment travailler la lumière. Grégoire Grange utilise le flash pour souligner le surréalisme de l’ordinaire, et Calder Sell peint, avec les rayons du soleil, des récits poétiques.
Grégoire Grange
Photographe et directeur artistique, Grégoire Grange, 48 ans, vit et travaille actuellement à Bordeaux. C’est en autodidacte qu’il apprend les rouages du 8e art, « bien que j’aie grandi dans une famille de photographes », précise-t-il. Inspiré par l’univers du skate, et sa scène de passionnés, l’artiste développe une approche créative « erratique et aléatoire, qui explore l’hybridation, l’écho, le larsen ». Shootées au flash, les scènes qu’il révèle oscillent entre le surréalisme et un réel brut – un quotidien absurde que chacun reconnaît et déconstruit. Réalisée en Allemagne, en 2019, la série Corn explore les dichotomies qui naissent dans un monde en constante évolution. « Agriculture intensive, lacs artificiels, voies rapides pour trottinettes, vélos électriques et distributeurs de lait automatique tissent en rase campagne un eugénisme prégnant. Corn défait ou crée des franchissements en dialogue constant entre artificiel et naturel », explique le photographe. Porté par des couleurs saturées et des cadrages dynamiques, le projet invite le regardeur à reconsidérer sa manière de voir l’hybridation de notre société.
© Grégoire Grange
Calder Sell
« La photographie est pour moi une tentative de collaboration – qu’elle soit avec les gens, l’espace, ou les créatures qui l’habitent. En traitant la lumière comme un sujet à part entière, je crée des atmosphères prenant racine dans le sublime. J’aime transposer les expériences à l’autre dans l’abstrait, et voir quelles histoires émergent de cette interaction »
, raconte l’artiste américain Calder Sell. Diplômé des beaux-arts, l’auteur réalise des projets où les lueurs naturelles projettent sur le monde des traces poétiques, des fragments de contes. Cette obsession pour la lumière est particulièrement présente dans How the ants crawl in. « La série illustre un désir, celui de percevoir la lumière comme un moyen de connexion, qui nous touche chacun d’une manière différente. Mes clichés brouillent la frontière entre l’espace et le sujet. En mêlant les techniques traditionnelles aux technologies contemporaines de projection, je confine mes images non pas dans des cadres, mais dans l’espace même que j’habite », poursuit-il. Une plongée intimiste dans un monde paisible, où le soleil révèle des bribes d’imaginaires.
© Calder Sell
Image d’ouverture : © Calder Sell