Noé Lelou et Danae Mavragani, nos coups de cœur #361, aiment révéler les émotions qui se cachent derrière une scène. Deux ensembles complémentaires et atmosphériques.
Noé Lelou
Après avoir grandi à Troyes, Noé Lelou s’est installé, à l’adolescence, à Paris, puis à Berlin. Et c’est à son arrivée dans la capitale allemande qu’il décide de consacrer son énergie à la pratique du médium photographique. « De nature mélancolique, je sortais de quelques années sombres émotionnellement. Le 8e art m’a en partie appris à redécouvrir le monde – et moi-même – sous un jour plus lumineux. Sa pratique m’a offert l’opportunité de sortir de ma zone de confort, d’être plus attentif à ce qui m’entoure, plus présent. Il s’agit d’un moyen de me transcender, c’est un outil concret pour affronter la vie avec plus de légèreté, plus de bienveillance, vis-à-vis de moi, de mon espace, et des gens » confie l’auteur. De cette introspection naissent des images harmonieuses, paisibles qui entendent « adoucir les cœurs ». Par des jeux de texture, de lumière, Noé Lelou fait l’éloge du calme, du raffiné, et transforme son environnement en un décor aussi fragile que charmant. « Mes deux domaines de prédilection sont le portrait et le documentaire, que j’essaie d’aborder avec la même approche poétique. Une image réussie est pour moi une image qui, presque par magie, arrive à véhiculer autant de force que de délicatesse. Dans un style sobre et élégant, j’essaie donc toujours d’illustrer ce mélange assez paradoxal entre profondeur et légèreté, puissance et sensibilité, force et fragilité », précise-t-il. Une quête qu’il poursuit entre Paris et Berlin, dont les atmosphères opposées « et pourtant merveilleusement complémentaires » ne cessent de l’inspirer.
© Noé Lelou
Danae Mavragani
« Je pense que mon approche est plutôt abstraite. Je suis plus attachée à révéler le sous-texte, l’intérieur, les sentiments, les émotions… Je crois en l’indépendance de la photographie, pour emprunter le terme d’Alfred Stieglitz, je pense que cela fonctionne comme un “équivalent”. Je m’intéresse à la photographie dans sa globalité. Une photographie artistique – un poème, un univers »,
déclare Danae Mavragani. Installée à Athènes, l’autrice a étudié l’ingénierie multimédia et le design. Un parcours qui développe son « amour pour la beauté visuelle ». Fascinée par l’architecture, les lignes, les couleurs, elle construit un univers minimaliste, peuplé de rayons lumineux, de teintes fantasmagoriques, et de scènes graphiques. Un univers où l’onirisme s’invite volontiers dans le réel. « Je puise mon inspiration dans les relations, la nature, la musique, l’art… Si j’admire beaucoup de photographes, les travaux de Wolfgang Tilmans, Jack Davison, Francesca Todde, Yorgos Yatromanolakis, ou encore Saul Leiter me plaisent particulièrement », poursuit-elle. Attirée par les erreurs, les hasards du quotidien qui donnent naissance au merveilleux, Danae Mavragani capte, au gré de ses errances, des images mystérieuses, au sens imprécis et à l’esthétique plaisante.
© Danae Mavragani
Image d’ouverture : © Danae Mavragani