Nos coups de cœur #377, Ksenia Inverse et Kinga Katanics ont toutes les deux poursuivi des voies différentes, avant de se tourner vers la photographie. L’une développe aujourd’hui une pratique documentaire, et l’autre donne à voir la magie du monde grâce à l’argentique.
Ksenia Inverse
C’est après avoir étudié l’ethnologie que Ksenia Inverse s’est tournée vers le milieu artistique. Son master en art cinématographique en poche, elle s’intéresse à la photographie documentaire contemporaine, et s’inspire de son parcours universitaire pour développer des sujets au long cours, inspiré par différentes problématiques sociales. Dans Behind the bookshelves, l’autrice est partie à la découverte de bibliothèques de villages. Des établissements atemporels, au design singulier, servant non seulement de temple littéraire, mais aussi d’espace culturel, éducatif, ou même festif. « Ces bibliothèques survivent avec très peu de budgets. Le smartphone et les données numériques ont conduit le public à se diriger vers des ressources digitales, auxquelles elles n’ont pas accès. Les libraires compensent de déclin d’intérêt par l’organisation de nombreux événements : célébrations de poètes et écrivains, conférences sur l’histoire locale, rencontres pour enfants comme pour adultes, workshops, jeux… Mais d’ici cinq ans, presque toutes seront sans doute fermées. Celles qui subsisteront seront complètement refaites à neuf, pour rentrer dans un moule plus moderne… Et perdront tous leurs charmes », raconte-t-elle. Fascinée par ces espaces d’un autre temps, Ksenia Inverse leur redonne une place de choix.
© Ksenia Inverse
Kinga Katanics
« Ancrée dans les souvenirs d’enfance, ma pratique entend rappeler l’importance des détails du quotidien, empreints de poésie. À travers mon art, j’invite à un voyage à travers la mémoire et les sentiments »,
confie Kinga Katanics. Née en Hongrie en 1989, l’artiste vit aujourd’hui à Paris, où elle développe une œuvre colorée, inspirée par l’intime et le voyage. C’est en autodidacte, à l’argentique, qu’elle se lance dans la photographie « grâce à l’ancien boîtier de mes parents, qui date de l’URSS », s’amuse-t-elle. Une habitude qui lui permet « d’activer [s]on œil d’enfant » et de faire fusionner le réel et l’imaginaire. Galvanisée par le confinement – une période singulière qui lui permet de se consacrer pleinement à sa créativité – l’artiste peint sur le monde des voiles bariolés. Créant des images aux tons chauds, elle s’attache particulièrement à l’instant présent. « J’aime les jeux de lumière et d’ombre, les couleurs, la lumière de la région méditerranéenne, la beauté de la nature… Je pointe en permanence des détails, des nuances, des ambiances qui rendent le présent un peu plus magique et qui rappellent certaines sensations », explique-t-elle. Une collection d’images sereines, évoquant la volupté d’une errance estivale dans le sud de l’Europe.
© Kinga Katanics
Image d’ouverture : © Ksenia Inverse