Billy Lavière et le duo Ama Split et Riky Kiwy, nos coups de cœur #382, expérimentent chacun·e à leur manière. L’un explore les déviances de notre sexualité, et les autres déconstruisent l’architecture urbaine.
Billy Lavière
« La photographie est pour moi une représentation objective du réel. Une documentation réaliste. Je crois être assez direct et impartial dans mon approche des sujets tabous. Au fil des années, je réalise que j’aime particulièrement explorer les notions d’existence, de processus psychologiques, et de conscience »,
déclare Billy Lavière, photographe et graphiste installé à Budapest. Diplômé de l’Université d’art et de design Moholy-Nagy, en 2019, le créateur a développé, depuis, Old Testament, une série haute en couleur inspirée par les déviances sexuelles. Flashs puissants, négatifs, néons lumineux, latex et autres substances mystérieuses… Au cœur du projet s’animent des désirs, comme des répulsions. « Mon interrogation principale est simple : qu’est-ce qui fait qu’une action est jugée normale ou anormale ? L’homosexualité était encore illégale il y a peu, et d’une certaine manière, c’est toujours le cas… Mais prenons un exemple plus original : considérez-vous qu’une chute dans les escaliers soit excitante ? Non, sans doute pas. Pourtant certaines personnes, si. Qui détermine ces paramètres ? », se questionne l’artiste. Entre performances, mises en scène et pure provocation, les clichés de Billy Lavière se lisent comme une exploration incongrue de nos désirs les plus particuliers.
© Billy Lavière
Ama Split et Riky Kiwy
D’abord passionnée par la street photographie, la Française Ama Split s’est tournée vers l’argentique en rencontrant son partenaire Riky Kiwy en Italie, en 2008, puis vers la photo d’architecture deux années plus tard. « J’ai une grande admiration pour les immeubles de Berlin et leur brutalisme. J’ai aujourd’hui envie de m’attarder sur les détails des gens, des structures : le zoom, le flash, les très gros plans sont mes alliés », explique-t-elle. « Je considère la street comme une pratique documentaire également. Elle permet de conserver une archive d’une ville et de ses habitants à un moment donné. Les travaux sur l’architecture sont plus artistiques : je prends plaisir à chercher les détails, les couleurs, les textures… » ajoute son binôme. Ensemble, les artistes ont imaginé Palazzi. Un parcours graphique au cœur de Berlin faisant la part belle à la géométrie des bâtiments. « Nous les voyons comme des sujets ornementaux. Le temps les traverse, et pour montrer sa “tâche”, nous avons utilisé la technique de la translation des points. Le résultat ? Une image avec beaucoup de couleurs, un rythme, une géométrie », expliquent-ils. Un assemblage minimaliste déconstruisant pour mieux reconstruire les singularités de l’espace public.
Palazzi Collection, The Berlin Issue, 20€, 102 p.
© Ama Split et Riky Kiwy
Image d’ouverture : © Billy Lavière