Lucia Higuera et Aoto Pinku, nos coups de cœur #390 s’inspirent tous deux de la peinture pour capturer le monde. Ils flirtent chacun à leur manière avec l’abstraction et la poésie pour raconter leurs histoires, leurs souvenirs.
Lucia Higuera
« Mon approche est très expérimentale. Je suis fascinée par la dimension technique de la photographie, tout comme par l’esthétique. Mes projets deviennent souvent des excuses pour développer des procédés que je ne connais pas encore. C’est ainsi que j’ai commencé à explorer et combiner les médiums – comme la peinture et la photo traditionnelle par exemple »,
raconte Lucia Higuera. Âgée de 29 ans, l’artiste espagnole travaille aujourd’hui à Bristol, où elle poursuit ses expérimentations artistiques. Formée à la réalisation, la communication, la production télévisuelle et la politique, elle utilise ses multiples apprentissages pour nourrir sa création. Aux frontières des arts, ses œuvres se lisent comme des capsules poétiques, empruntant à l’histoire du monde, comme aux grands maîtres du passé. « Mon dernier projet, Todo, explore la mémoire et les conséquences du fascisme en Espagne. Cet été, je prévois de documenter les légendes urbaines et le folklore du pays. Quant à mes inspirations, elles proviennent majoritairement de l’art classique : Diego Velázquez est mon peintre préféré. La poésie m’attire également beaucoup, notamment celle de Federico García Lorca qui parvient à créer des images grâce aux mots. Enfin, la première photographe que j’ai découverte est Ouka Leele, dont les couleurs expressives et l’approche surréaliste m’ont toujours plu », confie-t-elle. Une multitude de références lui permettant de sonder le réel pour mieux le transcender grâce à l’inventivité.
© Lucia Higuera
Aoto Pinku
Aoto Pinku – ou « bleu et rose », en japonais – est le pseudonyme artistique de Barthélemy Gonon, choisi en hommage aux périodes bleue et rose de Picasso. Une référence à la peinture que l’on constate dès la première contemplation de ses images. Originaire de Saint-Étienne, l’auteur est tombé amoureux du 8e art lors d’un voyage en Guyane à 17 ans. En 2017, il se lance dans une exploration introspective, créative du monde et commence à développer sa propre écriture. « Celle-ci est abstraite, onirique. Je déstructure tout ce que je vois. Je cherche à créer des univers irréels, sortis de mon imagination, pour raconter à travers eux une histoire », déclare-t-il. Inspiré par la vie et le temps qui passe, par les nuances des émotions humaines, Aoto Pinku entend poser un regard « naïf et léger » sur ses thématiques de prédilection. Comme un songe venu chatouiller notre esprit. Une sensibilité qu’il retrouve dans les œuvres de SMITH, Maya Beano, Paul Cupido et Adeline Care – « ces artistes qui brisent les codes de la photographie », déclare-t-il – comme dans les tableaux de Goya, Pollock ou Picasso. Paysages, natures mortes, portraits embrumés, brouillés, déformés… Les clichés de l’artiste nous plongent dans un univers aux tons pastel et aux frontières indéterminées. Un espace où tendresse et abstraction se rencontrent pour mieux réécrire notre environnement.
© Aoto Pinku
Image d’ouverture : © Aoto Pinku