De l’onirisme au réel, Benjamin Carrot et Laura Aubrée, nos coups de cœur #391, ont des thèmes de prédilection bien différents. Leur point commun ? Tous deux posent un regard sensible sur leur environnement.
Benjamin Carrot
Web designer et photographe freelance de 28 ans, Benjamin Carrot a découvert le 8e art en 2015 grâce à un boîtier argentique qu’on lui avait offert. Quatre ans plus tard, il décide de se consacrer davantage à cette passion naissante en développant une écriture plus personnelle. Travaillant aujourd’hui à la confection de sites et applications pour Le Monde, notamment, l’auteur a vu, au contact des journalistes du média, sa pratique évoluer davantage. « J’utilise la photographie pour faire passer des émotions et mettre en avant des situations souvent peu visibles. En sortant dans la rue, je recherche la solitude qui frappe nos cités urbaines, pourtant si denses. Quand je couvre des manifestations, je prends aussi souvent le temps de shooter les spectateurs de ces cortèges. Je m’interroge ainsi sur leurs sentiments : ressentent-ils de la peur ? De l’indifférence ? Ou de la sympathie ? », raconte-t-il. En parallèle, Benjamin Carrot explore une sphère plus intime : le monde des fêtes. Un univers où flous artistiques et tonalités douces viennent nourrir un besoin d’enivrement et de liberté décuplé par la crise sanitaire. Entre les faisceaux lumineux des fumigènes et ceux des néons nocturnes, les bras levés des militants et ceux des danseurs, le photographe parvient à capter des instants de grâce, des portraits poignants au cœur d’une foule. Qu’il s’agisse d’une quête de justice, ou tout simplement de plaisir.
© Benjamin Carrot
Laura Aubrée
«
Regnum Naturae est un projet sur lequel j’ai travaillé deux ans, lorsque j’habitais à Londres. J’écrivais à cette époque un essai dont le thème était « La photographie en tant qu’objet ». De là, je me suis lancée dans l’aventure du collodion humide… Je suis tombée amoureuse de ce procédé aux tonalités uniques et à la finesse incomparable. Il me fait penser à une sorte de rituel, une méditation aux vapeurs d’éther. Questionnant la place de l’Homme, et mêlant rêve et cauchemar, lumière et obscurité, ce projet s’inspire des différents mythes des Métamorphoses d’Ovide – tel que celui de Deucalion et Pyrrha, dans lequel l’humanité est punie de sa perversité », relate Laura Aubrée. Née en 1993 en France, c’est le voyage qui a tout d’abord inspiré cette artiste – Belgique, Angleterre, Europe de l’Est, Amérique du Sud… Au gré de ses déambulations, elle découvre différents procédés, affirme son amour des techniques anciennes et de l’argentique et construit un univers onirique aux contrastes et nuances poétiques, qu’elle développe aujourd’hui dans son atelier à Brest. Inspirée par les écrits de Lewis Carroll, le surréalisme de Dora Maar, Man Ray et André Kertész, et les regards de Sally Mann ou encore de Sarah Moon, elle rassemble imaginaire et réalisme, nature et culture, mythologie et technicité pour partager sa vision singulière de notre environnement.
© Laura Aubrée
Image d’ouverture : © Benjamin Carrot