Sensibles au monde qui les entoure, Isis Ascobereta et Greta Pischedda, nos coups de cœur #409, tentent de le sublimer. L’une en révèle sa beauté naturelle, et l’autre, sa complexité humaine.
Isis Ascobereta
Des mots, Isis Ascobereta s’est ensuite tournée vers l’image pour explorer son environnement. Titulaire d’un doctorat en littérature comparée, l’artiste d’origine espagnole et mexicaine perçoit le médium photographique comme un outil rendant possible le développement d’une histoire visuelle s’éloignant du contexte premier. Comme la découverte d’un chemin moins direct, jouant avec la perception des objets et leur déconstruction. Fidèle à cette théorie, l’autrice a composé The New World en mai 2020, au lendemain du confinement. « Reprendre la photographie dans la rue m’a permis de m’habituer à nouveau au monde extérieur dont j’avais été coupée pendant deux mois. Ma première réaction a été de capturer la nature qui m’entourait, puis, à partir de ce corpus d’images, d’entamer une réflexion sur nos rapports avec celle-ci », explique-t-elle. Dans le monde urbain, le végétal devient « taillé et planté selon nos désirs. Si sur les trottoirs et autres espaces bitumés, il réussit à se répandre en liberté, dans les espaces fermés il devient objet de décoration », poursuit Isis Ascobereta. Fascinée par ces îlots contrastant avec le goudron omniprésent, l’artiste entreprend alors de leur donner une prestance fantastique. Comme une virée onirique dans un univers gris et fané.
© Isis Ascobereta
Greta Pischedda
« J’utilise la photographie non seulement comme un moyen d’expression, mais aussi comme un outil d’investigation. Je capture la réalité comme elle m’apparaît, et non comme elle est réellement. Pour y parvenir, je me fie à ma sensibilité, à mes goûts et mes émotions. Le médium me permet donc aussi de me questionner et d’évoluer constamment »,
déclare Greta Pischedda. L’autrice de 25 ans venue de Naples s’est initiée au 8e art lorsqu’elle était enfant, grâce aux boîtiers jetables de son grand-père. À vingt ans, elle se spécialise dans l’argentique et décide d’apprendre les différentes techniques d’impression. « Je réalise tout moi-même : la prise de vue, le développement et le tirage », précise-t-elle. En résultent des séries à l’intimité touchante, s’approchant au plus près de la complexité humaine. C’est le cas de Mike Debosh – The Death Boy, un projet monochrome aux contrastes puissants, inspiré par Michele, jeune musicien italien désireux de percer dans le milieu de la trap (une division du rap née dans le sud des États-Unis tenant son nom des lieux où se pratiquait le trafic de drogues, NDLR). « À travers ces portraits, j’essaie d’en savoir plus sur son monde intérieur, de m’éloigner des clichés du genre, et de la superficialité qu’on lui associe », conclut Geta Pischedda.
© Greta Pischedda
Image d’ouverture : © Greta Pischedda