Portant une attention sensible aux éléments qui nous composent, Léa Le Thomas et Maxime Maillot, nos coups de cœur #429, se plaisent à recenser l’ordinaire. Pour l’une, tout cela passe par les nuances de lumière. Quand l’autre fige l’authenticité ambiante.
Léa Le Thomas
Si rien ne semblait la destiner à la photographie, c’est en achetant son tout premier boitier numérique lors du confinement que Léa Le Thomas perçoit dans le médium une manière de conserver des souvenirs physiques d’instants délaissés. Dans une ère saturée d’images, le 8e art devient alors le moyen privilégié pour rester attentive aux choses. Les promenades citadines, les plaines de campagnes, les monuments à l’architecture singulière… Figeant son environnement, la photographe bretonne s’intéresse aux nuances du temps et de la lumière, aux couleurs d’un coucher de soleil fluctuant, aux courbes changeantes d’un corps en fin de journée. « Je cherche la symétrie ou les lignes droites d’éléments, j’aime les sujets bien organisés. Ce qui me plaît dans le paysage, c’est le fait qu’il se trouve partout, où qu’on aille, il y aura toujours des horizons à photographier. Si je devais en être un, je serais sûrement un paysage enneigé, où l’on entend uniquement le silence et c’est très apaisant », confie-t-elle. C’est donc dans une atmosphère salutaire que Léa Le Thomas aime se plonger, à l’abri des bruits tumultueux ou du tonnerre de vie. Suivant de façon assidue le travail de Jonathan Bertin ou d’Arnaud Montagard, dont elle salue le caractère cinématographique des clichés, l’artiste consent à s’essayer aux choses nouvelles, à sortir de son cocon rassurant pour atteindre l’exaltant. « Ce sont les différents photographes que je suis qui m’ont appris à assimiler l’importance des couleurs sur un cliché, notamment par l’ambiance qu’elles peuvent créer. Je suis plus vigilante et aux aguets sur ces éléments-là et c’est une chose à laquelle je fais attention dès que je me promène.»
© Léa Le Thomas
Maxime Maillot
De ses tout premiers souvenirs au caméscope « bon prix » offert par son grand-père, au déclic de la photographie de rue, en passant par ses essais à l’iPhone 6, Maxime Maillot nourrit depuis toujours une appétence pour le 8e art. Devenu passe-temps et passion, le médium lui permet d’archiver ses expériences de vies, de voyages et d’ainsi constituer son « carnet de bord » visuel. « J’ai souvent en tête une citation de Shakespeare qui fonctionne bien dans la street-photo “All the world’s a stage” (Le monde est une pièce de théâtre). Je pense que l’on joue tous·tes un rôle consciemment ou inconsciemment, et que la rue est l’endroit où tous ces rôles s’entrechoquent, communiquent de manière aléatoire, parfois chaotique, mais toujours surprenante, confie-t-il avant de reprendre, Un serveur en pause qui fume une clope, une femme avec un bouquet de fleurs. Tout se passe devant nos yeux, ces rôles ne se produisent qu’une seule fois dans cette composition-là. » S’inspirant à la fois de l’effervescence de la culture hip-hop et de l’énergie vivante des pères et mères de la street-photography, le photographe souhaite encapsuler la spontanéité humaine, dans tout ce qu’elle peut avoir de désordonné. Quelques sourires et rires francs ressortent éparpillés, ce sont ceux de sa sœur, de ses ami·es, de sa copine. Il y a aussi des moues qui se baladent et s’amusent dans les rues ou cafés de la capitale… Autant de moments aux embruns naturels qui reflètent toute l’humilité de Maxime Maillot et son attention portée aux petites choses du quotidien. « Je suis très fier d’une photographie que j’ai prise lors de la Fashion Week d’octobre 2022 de la mannequin Caroline Daur, parce que j’ai réussi à la prendre à un moment complètement naturel. Elle était souriante, pétillante et drôle dans ce grand théâtre de photographes ». Faire émaner le charme du vrai, telle serait sa mission d’artiste.
© Maxime Maillot
Image d’ouverture © Maxime Maillot