Pour Umberto Verdoliva et Lena Pogrebnaya, nos coups de cœur #449, la photographie s’impose comme un tremplin afin d’illustrer leurs idées et l’image qu’iels ont de notre société. Alors que l’un capture la poésie de son quotidien, l’autre s’attache à créer des mises en scène intrigantes pour interroger les thèmes de la jeunesse et de l’assimilation à un territoire.
Umberto Verdoliva
Né dans la province de Naples en 1961, Umberto Verdoliva voue une passion au médium depuis l’âge de 45 ans. Technicien de chantier de profession, il travaille pour une grande entreprise de construction italienne où il est nécessaire de documenter visuellement l’avancée des travaux. « J’ai toujours emporté mon boîtier avec moi, non seulement sur les chantiers, mais aussi pour mes voyages, sur le chemin de la maison ou encore lors de promenades. Je ne savais pas qu’il pouvait être si puissant et même capturer les images de la vie qui s’écoulait autour de moi », raconte le photographe. Par sa pratique, l’Italien explore certaines formes de réflexion sur les sentiments humains qui lui sont chers, telles que la mémoire, le souvenir ou la capacité à poétiser et embellir chaque instant du quotidien. Saisis au gré de ballades, ses clichés couleurs nous invitent à observer la beauté de la vie courante. Quant à ses images en noir et blanc, elles nous plongent dans un conte métaphorique à contempler à l’infini. « Certaines photos me ramènent avec force à un lieu ou à une rencontre, mais chaque cliché contient une partie de moi et, en même temps, une trace de « l’autre » qui m’a incité à la prendre », confie-t-il, avant de conclure : « la photographie offre la possibilité d’entrer dans notre propre monde où nous sommes enfin libérés des conditionnements, des règles et des attentes. Cette prise de conscience est progressivement devenue le moteur de l’impulsion qui m’a conduit à continuer dans la durée et la constance. »
Lena Pogrebnaya
Pour Lena Pogrebnaya, le 8e art incarne la forme d’art idéal permettant de répondre à son besoin d’expression. Également architecte, elle joue avec les deux univers afin de trouver un équilibre dans ses œuvres. « L’architecture est aussi un aspect créatif de ma vie, mais en raison des limites inhérentes à cette industrie, elle ne permet pas la liberté à laquelle j’aspire et que je trouve dans la photographie », précise l’artiste ukrainienne installée à Toronto. Par des mises en scène intrigantes, Lena Pogrebnaya donne à voir sa vision du monde et la manière dont elle perçoit sa beauté. Le médium devient alors son langage préféré afin d’interroger des thématiques sociétales telles que la jeunesse et son influence sur la construction de notre identité ou encore l’assimilation, c’est-à-dire « le déplacement d’un foyer à l’autre pour trouver sa place dans le monde. » À ce sujet, la photographe a composé une image significative et puissante : « Il s’agit d’une double exposition d’une jeune fille juive immigrée, née en Biélorussie et rapatriée en Israël, assise sur une chaise. Elle représente l’idée de ne pas perdre son identité et disparaître tout en cherchant un sentiment d’appartenance dans un pays étranger. » De ses visuels à l’esthétique scénographique émanent des questions engagées propres à l’histoire personnelle de l’autrice. Une nouvelle fois, la photographie s’impose comme le parfait moyen d’illustrer nos pensées, nos doutes et notre existence, avec poésie et inventivité.