Les coups de cœur #451 : Hélène Mastrandréas et Benoît Arridiaux

Les coups de cœur #451 : Hélène Mastrandréas et Benoît Arridiaux
© Benoît Arridiaux

Hélène Mastrandréas et Benoît Arridiaux, nos coups de cœur #451, partagent un intérêt pour les questions d’ordre social. La première donne la parole aux victimes de violences conjugales quand le second interroge notre perception de l’autre et de nous-même. 

© Hélène Mastandréas

Hélène Mastrandréas

À travers un langage onirique et sensuel, dans une atmosphère comme suspendue dans le temps, Hélène Mastrandréas donne vie à une photographie à la narration immersive. Ses images ont quelque chose d’hypnotique et sont toujours au plus près du corps de ses modèles. La chair y est omniprésente. Réalisatrice, vidéaste et photographe, Hélène Mastrandréas s’intéresse au regard féminin et queer. Dans la série Paris JTM, réalisée en collaboration avec la Fondation des Femmes, elle donne la parole aux victimes de violences. Depuis 2014, l’institution accueille et suit celles qui sont contraintes de fuir leur foyer. Le point de départ de ce travail est le cadenas, objet devenu symbole de l’amour , au point que des milliers de personnes ont attaché le leur dans Paris. « Pour moi, l’amour, c’est un mouvement qui va vers l’extérieur. Ce n’est ni de l’attachement ni de la possession. C’est un mouvement désintéressé. Alors j’ai été marquée par la problématique des cadenas qui contraint l’amour et qui l’emprisonne dans un objet », explique la photographe. Dans sa série, Hélène Mastrandréas met en parallèle des natures mortes de cadenas, des lieux de rassemblements féministes qui luttent contre les violences faites aux femmes, deux victimes de violences et des corps enchevêtrés lors d’un cours de self défense. Les photos ont également été prises chez En Avant Toute(s) et chez Dans le Genre Egales.

© Hélène Mastandréas

© Hélène Mastandréas
© Hélène Mastandréas
© Hélène Mastandréas
© Hélène Mastandréas
© Benoît Arridiaux

Benoît Arridiaux

« De manière générale, je m’intéresse aux questions de normes et donc de marges, d’acceptation et de remise en cause de l’ordre établi, de là où l’on met le curseur, au travail, dans sa propre pratique artistique. La sociologie et l’engagement nous donnent des clefs. La reproduction sociale, la notion d’appartenance à telle ou telle classe, les comportements qui en découlent me passionnent », explique Benoît Arridiaux. À la suite d’un changement de vie, cet ancien travailleur social a imaginé Ce que l’on laisse aux vivants, une série qui prend racine dans ses thèmes de prédilection. Au fil des images se découvrent l’appropriation d’un lieu, un récit autour de la mémoire et d’une transmission qui n’est pas le fruit d’un héritage familial. « En rénovant une ferme dans le Maine-et-Loire, j’ai commencé à ramasser et accumuler toutes sortes d’objets visibles ou enfouis sur le terrain. Je les ai immortalisés avec un studio photo portatif, et un inventaire non exhaustif a ainsi vu le jour, une sorte d’archéologie populaire », poursuit-il. En montrant les traces laissées par l’être disparu, le photographe tente de dresser son portrait et interroge, en contrepoint, la représentation que nous nous faisons des autres et de nous-même.

© Benoît Arridiaux
© Benoît Arridiaux
© Benoît Arridiaux
© Benoît Arridiaux
© Benoît Arridiaux
À lire aussi
Les coups de cœur #450 : Tybald Jaud et Vincent Binant
© Vincent Binant
Les coups de cœur #450 : Tybald Jaud et Vincent Binant
Tybald Jaud et Vincent Binant, nos coups de cœur #450, diffusent la lumière dans l’ombre. Chez l’un, elle s’immisce partout dans le…
17 juillet 2023   •  
Écrit par Ana Corderot
Les coups de cœur #449 : Umberto Verdoliva et Lena Pogrebnaya 
© Lena Pogrebnaya
Les coups de cœur #449 : Umberto Verdoliva et Lena Pogrebnaya 
Pour Umberto Verdoliva et Lena Pogrebnaya, nos coups de cœur #449, la photographie s’impose comme un tremplin afin…
10 juillet 2023   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Explorez
Rencontres du 10e 2025 : une biennale en prise avec le monde
© Chloé Nicosia, One Hundred Trillion Dollars / Courtesy of the artist and Rencontres photographiques du 10e
Rencontres du 10e 2025 : une biennale en prise avec le monde
Pour cette édition 2025 des Rencontres photographiques du 10e, qui défie une nouvelle fois les attentes, les photographes mis·es en avant...
07 octobre 2025   •  
Écrit par Milena III
Performer l'invisible : Hoda Afshar et l'acte de regarder
Speak the Wind, 2015-2020 © Hoda Afshar, Courtesy de l'artiste et de la Galerie Milani, Brisbane, Australie.
Performer l’invisible : Hoda Afshar et l’acte de regarder
Avec Performer l’invisible, Hoda Afshar transforme une partie du musée du quai Branly – Jacques Chirac en espace de réflexion sur le...
30 septembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les images de la semaine du 22 septembre 2025 : poésie, transmission et écologie
© Léo d'Oriano
Les images de la semaine du 22 septembre 2025 : poésie, transmission et écologie
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les images publiées dans Fisheye donnent à voir des messages d’émancipation, de ruptures avec les...
28 septembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Valentin Derom : photographier le soin dans toute son ambivalence
© Valentin Derom
Valentin Derom : photographier le soin dans toute son ambivalence
Avec Support Systems, Valentin Derom explore les gestes de soin là où on ne les attend pas : dans les étables, aux côtés de son père...
26 septembre 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Nos derniers articles
Voir tous les articles
15 séries qui célèbrent l'automne
15 séries qui célèbrent l’automne
Le soleil se fait de plus en plus discret, les feuilles commencent doucement à changer de couleur, quitter sa couette le matin se fait de...
Il y a 6 heures   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Flore Prébay : De deuil et de papier
Iceberg, de la série Deuil blanc © Flore Prébay
Flore Prébay : De deuil et de papier
Du 16 octobre au 30 novembre 2025, la Fisheye Gallery présente Deuil blanc, de Flore Prébay, dans le cadre des Rencontres photographiques...
Il y a 10 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
Pooya Abbasian remporte la 3e édition du prix Art & Environnement
Oxalis (détail), 2024 © Pooya Abassian
Pooya Abbasian remporte la 3e édition du prix Art & Environnement
Lee Ufan Arles et la Maison Guerlain ont annoncé hier, à la Guerlain Academy, le nom du troisième lauréat de leur prix Art &...
08 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
13 expositions photographiques à découvrir en octobre 2025
Residency InCadaqués 2025 © Antoine De Winter
13 expositions photographiques à découvrir en octobre 2025
La rentrée scolaire est souvent synonyme de foisonnement d'expositions. Pour occuper les journées d'automne et faire face à la dépression...
08 octobre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine