Cette semaine, Maria Catuogno et Florian Coëlo, nos coups de cœur #452, interrogent les ailleurs. L’une s’aventure dans les choses du sacré, quand l’autre navigue sur des horizons rêvés.
Maria Catuogno
« Depuis l’adolescence, je dessine, puis sculpte ou modèle des corps nus. Ces mêmes corps devaient tout naturellement passer par le médium photographique. Le corps raconte l’histoire de l’autre. Comme une géographie, les cicatrices sont des coutures de la pensée qui retracent le supplice ou la beauté de l’âme. Je peux y lire ma propre histoire. C’est un moyen d’explorer mon intérieur et libérer la mémoire occulte », confie Maria Catuogno. Installée dans le sud de la France, l’auteure, sculptrice et photographe autodidacte oscille entre mises en scène et captations intuitives du quotidien. Fascinée par la force de photographie documentaire, et par la liberté de la dramaturgie, elle trouve dans le 8e art le moyen de conjuguer le réel à la fiction. « La description de l’humain et de ses problèmes sociétaux sont au cœur de mon travail. Je ressens de l’empathie pour les autres. Dans la rue, je capture les regards sensibles, tissant l’histoire d’une actualité omniprésente et puissante. Les rites, les traditions, le sacré sont autant de questionnements qui apparaissent dans chacune de mes séries », ajoute-t-elle. Sorcières contemporaines se baignant dans des lacs perlés, corps en transe, danses éblouies… Dans les images de Maria Catuogno, l’ombre et la lumière s’entrecroisent pour ainsi créer l’illusion, et voyager au-delà des possibles.
Florian Coëlo
D’une enfance passée à la campagne, sur les bords paisibles de la Loire, pédalant dans les chemins boisés, Florian Coëlo a conservé un regard curieux sur son environnement. Vagabondant, observant le dehors à l’affut du sauvage, il tombe dès lors amoureux des Pyrénées et en fait son terrain de jeu photographique. « Lecteur et écrivain, je suis fasciné par le pouvoir des mots, leur capacité à créer de nouvelles réalités et permettre aux lecteurices de s’échapper page après page dans l’extraordinaire d’un conte ou d’un récit. Tel un prolongement de l’écriture, la photographie m’autorisait à inventer mon propre monde, à y bâtir ma norme et à l’expérimenter », confie-t-il. Quant à ses inspirations, il part les puiser autant dans la prose de Jack London que dans l’humanisme de Sebastião Salgado, vantant l’interconnexion et la richesse des influences multiples. Alors en s’émerveillant d’un rien, il cherche à caresser nos ressentis, à faire éclore les émotions dans les reliefs montagneux ou sur les ombres projetées d’un corps, et compose ainsi ses propres rêves. « S’attarder sur la percée d’un rayon de soleil à travers la cime des arbres, capter le regard furtif d’un bouquetin, ce sont ces brefs instants qui transforment un paysage ordinaire en une composition fascinante. C’est cette quête du détail capable d’inviter le mystère ou l’étrange au cœur d’un territoire brut que je recherche. J’ai l’impression de quitter le réel un court moment pour plonger dans un monde intemporel et inconnu.»