Cette semaine, Luca Ianelli et Loïc Vendrame, nos deux coups de cœur #455, analysent leur environnement en pleine conscience. Pour l’un, cela passe davantage dans les personnes qui le traverse, quand l’autre s’attache à dévoiler les marques que les humain·es y apposent.
Luca Ianelli
Photographe, directeur artistique et étudiant à l’école Penninghen de Paris, Luca Ianelli a développé sa passion pour l’art au contact de sa nonna, ancienne artiste peintre « toujours nichée dans son atelier à dessiner », puis par la pratique de la danse, du dessin et du graffiti. « J’ai toujours été un boulimique de création, mais je suis arrivé aux “arts numériques” assez tard, car j’étais épileptique jusqu’à mes 10 ans ce qui m’empêchait de regarder des écrans, explique-t-il, la photographie a toujours été une présence subtile dans ma vie, une fascination qui grandissait en coulisses sans que je ne la touche directement. Mes parents m’offraient souvent des appareils photo jetables, mais je n’avais pas encore ressenti le besoin de plonger plus profondément dans ce monde. » Et c’est à Visa pour l’Image que le déclic s’opère : le médium doit faire partie de son quotidien. Viennent alors les multiples influences, à la fois cinéphiles, chorégraphiques ou photographiques, où le mouvement, toujours, sans qu’il s’en rende compte, libère les corps, diffuse de belles émotions et révèle le passage des êtres sur terre. « Ce mouvement dans mes photos insuffle un sentiment de continuité et de fluidité, pour peut-être suggérer un lien émotionnel entre les individualités et leur environnement », ajoute-t-il. Capturant à la volée des instants légers, diffus, il révèle ce qu’il côtoie pour donner du sens à ce que l’on vit, pour créer une image qui puisse nous parler à tous·tes. « Lorsque je me lance dans la photographie de rue, je suis dans un état d’alerte constant, en perpétuel action. Je reste rarement au même endroit pour profiter d’une belle lumière, c’est un parfum en plus. Ce qui m’importe réellement, c’est cette sensation d’être en harmonie avec mon instinct, de le suivre où il me guide », conclut-il.
Loïc Vendrame
Originaire de Lyon, et installé dorénavant dans la région parisienne, Loïc Vendrame s’est initié de manière autodidacte à la photographie durant ses études de géographie et d’aménagement du territoire. « Passionné par l’étude de l’urbain – au sens large –, et notamment par les courants architecturaux de l’art nouveau et de l’art déco, j’ai commencé à photographier ces architectures lors de voyages en Europe. À partir de 2012, j’ai orienté mon travail sur la photographie d’architecture contemporaine et graphique, en même temps que je me formais seul à développer mon regard », explique-t-il. Le point de départ de ses projets ? Une recherche satellite sur Google Earth afin d’y dénicher des trésors ou anomalies architecturales qu’aurait apposés l’homme sur son environnement. Inspiré par le courant de la Nouvelle Topographie et par ses lectures sur l’urbanisme, il part ainsi à la conquête des routes de France, des zones périurbaines d’Europe et investigue « les dynamiques entre l’homme et les territoires ». Diners chinois démodés, vestiges de fondations, hôtels en désuétude, constructions de pacotilles, châteaux de fortune, devantures et immeubles kitchs… Loïc Vendrame analyse, avec curiosité, « la notion de paysage sous l’angle de l’anthropisation ». Il observe, trace les contours, lit dans les paysages, décortique ses secrets et ses bugs. En résultent des images « mettant en exergue et documentant les altérations et transformations, tout en y cherchant une certaine esthétique et poésie. Selon comment ils sont lus, la plupart des projets peuvent avoir une portée politique et critique, questionnant les enjeux de notre époque », conclut-il.