Passionné·es par la photographie argentique, Mikaël Lafontan et Fanny Lamolinairie, nos coups de cœur de la semaine, s’attachent à créer des images brutes et naturelles. Tandis que l’un partage la relation intime qu’il entretient avec la nature à travers des paysages fantasmagoriques, l’autre construit un conte visuel sur fond d’onirisme.
Mikaël Lafontan
À l’adolescence, alors en conflit avec le langage écrit, Mikaël Lafontan se tourne naturellement vers les arts visuels où il se sent plus à sa place. Le médium s’immisce ensuite dans son quotidien comme un « espace de liberté et de jeux ». Issu d’une culture partagée entre la France et la Suède, il devient photographe professionnel dès ses 25 ans. « Je m’inscris dans la lignée des artistes paysagistes, à cheval entre la photographie, l’art pictural et le Land Art », explique Mikaël Lafontan. Ses paysages semblent sortir tout droit d’un univers utopique où d’étranges lumières se manifestent. Et pourtant, l’artiste n’effectue aucune modification numérique sur ses œuvres. « J’ai grandi avec l’argentique et je suis très attaché à l’acte photographique, le vécu. La transformation du paysage se fait pendant l’enregistrement de la photo, à l’aide de lumières appliquées pendant un temps de pause particulièrement long, c’est le principe du light painting », précise-t-il. Ces illuminations surnaturelles modifient la perception de la nature et permettent la création d’un monde enchanteur à contempler infiniment.
Fanny Lamolinairie
« En tant qu’hypersensible, je pense que la photographie est un moyen pour moi d’exprimer mes émotions. J’aime qu’il y ait un peu de poésie, de mystère, de mélancolie parfois, et de l’espace pour penser, imaginer », confie Fanny Lamolinairie. Installée dans l’Aveyron, l’artiste de 32 ans ne cesse de voyager afin de découvrir de nouvelles cultures. Alors qu’elle trouve une forme d’apaisement dans la nature, c’est aussi dans l’être humain qu’elle perçoit la beauté de notre univers. « J’apprécie beaucoup l’idée de transmettre quelque chose, que ce soit un point de vue, une manière de vivre, une façon de voir le monde », explique la photographe. À l’aide de ces multiples boitiers numériques et argentiques, Fanny Lamolinairie saisit des paysages et des instants de vie, souvent en noir et blanc, et constitue un récit visuel où les songes se meuvent avec délicatesse. « Parfois, je me dis qu’en dépit d’avoir un talent pour l’écriture, je dessine des images avec la lumière. Et chacun·e est libre de les interpréter », ajoute celle qui est passionnée par le monde onirique. Afin de valoriser ses clichés, elle corrige avec parcimonie les contrastes et les couleurs, mais utilise que très peu les logiciels de retouche. « Quand bien même certain·es photographes s’en servent davantage, c’est toujours l’âme de l’artiste qui voyage sur ses images », conclut-elle.