Nos coups de cœur de la semaine, Julie Legrand et Kathleen Missud, ont toutes deux, au cours de leur parcours dans le 8e art, fait le chemin du numérique vers l’argentique. Si la première en teste les infinies possibilités techniques, la seconde pose un regard sur des archives familiales, témoignages d’une autre époque.
Julie Legrand
Julie Legrand fait partie de ces personnes marquées par la douleur et la perte, qui trouvent naturellement dans l’imperfection artistique une résonance directe, évidente et nécessaire pour exprimer l’existence terrestre. Si cette jeune photographe établie à Biarritz était déjà bien familière de la photographie numérique, c’est notamment à la suite d’un deuil brutal et d’une année d’errance qu’elle se tourne vers l’argentique, et notamment la pellicule périmée, intriguée par ses défauts. « D’un point de vue psychologique, j’aime comparer les aspérités de ces vieux films à nos failles personnelles, comme des fuites qui laissent entrer la lumière. Des irrégularités essentielles, qui avec le temps deviennent des alliées, des appuis pour s’accrocher aux parois souvent trop lisses de la vie », déclare-t-elle. Adepte de techniques expérimentales, comme des bains de l’image dans l’eau de l’océan Atlantique, Julie Legrand cultive ainsi un certain goût du risque et de la surprise. La vie, visible et invisible, passée et présente, guide ainsi une œuvre empreinte d’une profonde mélancolie et d’une recherche continue pour atteindre l’immensité.
Kathleen Missud
Devenue photographe professionnelle après un voyage en solitaire en Iran, Kathleen Missud se consacre à une approche documentaire du 8e art, dans une volonté de raconter, de témoigner et de transmettre. Fascinée depuis l’enfance par les albums de famille, elle a réalisé une série à partir des archives photographiques de son grand-père, André, assoiffé d’aventures. La Bonne Vie raconte une enfance précaire au sein d’une famille de meuniers, les voyages en mobylette à l’adolescence, les multiples vies et facettes d’un « bricoleur, pêcheur, collectionneur, champion de France de tracteur tondeuse en 1988 et photographe compulsif, qui a continué de sillonner le pays à 78 ans et de vivre en camping-car », apprend-t-on. Découvrant à sa grande surprise, dans ses boîtes de diapositives, des clichés « joyeux, vivants, spontanés, décalés et drôles, à son image », Kathleen Missud retransmet des tranches de vie – « la bonne vie, celle de tous les jours, on n’était pas exigeant », d’après les mots de son aïeul.