Cal Douglas et Sveta Kaverina, nos coups de cœur de la semaine, ont commencé leurs projets grâce à des livres anciens. En les parcourant, le premier s’est découvert une passion pour la photographie. La seconde s’est quant à elle inspirée d’un ouvrage de botanique pour déployer l’une de ses séries.
Cal Douglas
Installé entre l’Écosse et l’Angleterre, Cal Douglas est entré par la photographie d’une manière très surprenante : à 18 ans, ayant rejoint la marine marchande, il se retrouve en mer pendant de longues périodes sans voir autre chose qu’un océan sans fin. En découvrant un jour des livres d’art et de photographie très anciens présents dans la bibliothèque du navire, naît le début d’un rêve, celui de développer sa propre pratique. Aujourd’hui, la photographie est devenue son rapport au monde. « Une grande partie de mon travail naît d’un désir de comprendre et de parvenir à une forme de “vérité”, explique-t-il. Cela peut aller des affaires mondiales actuelles et de la psychologie à la tentative de comprendre la synergie des tendances visuelles et de l’histoire de l’art. » En studio ou en extérieur, Cal Douglas développe un art éclectique, qui mélange les images et les disciplines pour créer de nouveaux discours. Sa dernière série en date, This World is Working Better For Me, explore le dialogue entre photo, dessin et peinture. Optimiste quant à l’avenir, il nourrit l’espoir que notre époque contemporaine – en évoquant en particulier le phénomène de normalisation de l’intelligence artificielle – soit celle d’une libération de la photographie, de la même manière que le 8e art a libéré la peinture.
Sveta Kaverina
Fascinée par la portée de la photographie, par « ses pouvoirs presque surnaturels », Sveta Kaverina imagine des séries gravitant autour du banal et du divin. L’une d’elles, The Garden of Earthly Delights, est née de l’association d’un autoportrait et d’un tirage de son mari, réalisé par ses soins. « Ensemble, ils ressemblaient à un fragment de l’une des nombreuses fantaisies du peintre Cranach sur le thème d’Adam et Ève », se souvient-elle. À partir d’un vieil ouvrage de botanique anglaise qu’elle possédait déjà, l’artiste établie à Amsterdam se lance alors dans la composition d’un jardin métaphorique au sein duquel les relations amoureuses n’ont de cesse de se rejouer. « C’est une histoire sans fin, commencée par les premiers hommes et reproduite dans toutes les histoires d’amour qui ont suivi, explique-t-elle. À travers l’imagerie archétypale du projet, l’essence éternelle de la sensualité est révélée. Une fois encore, comme au début des temps, elle nous conduit à l’épiphanie et à l’omniscience, même si c’est en dehors de l’Eden. »