Les coups de cœur #504 : Toma Gerzha et Erre Gálvez

Les coups de cœur #504 : Toma Gerzha et Erre Gálvez
© Toma Gerzha
Une forme humaine est capturée de dos, au milieu d'un champ, et fait face à un immeuble délabré et fantomatique
© Toma Gerzha

Toma Gerzha et Erre Gálvez, nos coups de cœur de la semaine, documentent le monde alentour pour raconter des histoires. Pour composer ses récits, la première puise dans ses expériences de vie, tandis que le second immortalise des scènes, en plusieurs étapes, pour figer ses souvenirs.

Toma Gerzha

« Mon travail explore des récits liés à la mentalité de l’Europe de l’Est, à l’absence de sentiment d’appartenance, à la perspective de l’étranger et à la culture de la fête comme remède ultime », résume Toma Gerzha. Embarquée par sa famille, qui quitte sa Russie natale pour s’installer aux Pays-Bas alors qu’elle est âgée de six ans, la jeune fille peine à s’intégrer dans les univers qu’elle va traverser tout au long de son enfance et de son adolescence. Située entre deux mondes, elle observe au quotidien des réalités en contraste, et en témoigne dans sa pratique artistique, sans les embellir ni les dramatiser. « Ici, mes ami·es sont influencé·es par la liberté de choix, alors que chez moi, iels sont façonné·es par le règne d’un président inamovible qui, pendant des décennies, a forcé les gens à rester silencieux », déclare-t-elle en comparant les deux pays qu’elle fréquente. Pour se sentir en sécurité en quelque lieu que ce soit, et afin d’atténuer sa peur de la censure, elle apprend à exprimer ses pensées visuellement, convoquant ainsi le pouvoir des images à parler d’elles-mêmes. Depuis quelques années, elle documente ainsi son environnement, à travers des procédés photographiques expérimentaux aussi divers que le cyanotype, le collodion humide et l’impression à la chlorophylle.

Deux silhouettes rapprochées se font face dans un paysage enneigé, sous un pont illuminé
© Toma Gerzha
Des personnes âgées festoient ensemble à l'occasion d'un dîner
© Toma Gerzha
Une jeune femme tient un chat blotti contre elle
© Toma Gerzha
Un homme et une femme jouent au milieu d'un champ
© Toma Gerzha
Une personne se tient accroché à un toit
© Toma Gerzha
© Erre Gálvez

Erre Gálvez

« Depuis mon enfance, je suis profondément attaché au monde visuel et j’ai toujours ressenti le besoin de m’exprimer à travers lui. Je suis passionné par la photographie, le cinéma, la typographie et les techniques d’impression traditionnelles. Tout naturellement, je suis un amoureux de l’analogique », commence Erre Gálvez. C’est à la suite de ses études à l’école d’art et de design d’Alicante, ville qui l’a vu grandir, que l’artiste espagnol a entamé ses expérimentations et développé des projets conceptuels, notamment à partir de collages. « Au départ, je créais avec des images issues de magazines et de publications des années 1940 et 1950 ou que je trouvais dans des marchés aux puces ou dans les poubelles. Au fil du temps, cela m’a amené à faire de ma propre pratique du médium l’élément central de mon travail. […] C’est là que ma perspective a changé. Disons que tout a pris un sens », assure-t-il. Jouant avec les nuances, les échelles et les textures, il compose une œuvre autour du passage du temps et de la mémoire. « Une fois que vous avez pris une photo, vous êtes déjà dans un moment différent. Je suis obsédé par l’idée de capturer tous ces souvenirs et de les faire durer éternellement. C’est un peu comme si je réalisais un journal visuel, explique-t-il. Je prends des photos, je les développe à la maison… Puis je coupe et colle les instants ensemble. » À la recherche d’une esthétique cinématographique, il rassemble ainsi plusieurs tirages afin de recréer, en plusieurs étapes, les scènes qu’il a vécues. 

© Erre Gálvez
© Erre Gálvez
© Erre Gálvez
© Erre Gálvez
© Erre Gálvez
À lire aussi
Les coups de cœur #502 : Dominik Scharf et Rafael Fabrés
© Rafael Fabrés
Les coups de cœur #502 : Dominik Scharf et Rafael Fabrés
Dominik Scharf et Rafael Fabrés, nos coups de cœur de la semaine, enregistrent le monde grâce à leur boîtier. Le premier se considère…
22 juillet 2024   •  
Les coups de cœur #501 : Cal Douglas et Sveta Kaverina
© Sveta Kaverina
Les coups de cœur #501 : Cal Douglas et Sveta Kaverina
Cal Douglas et Sveta Kaverina, nos coups de cœur de la semaine, ont commencé leurs projets grâce à des livres anciens. En les parcourant…
15 juillet 2024   •  
Explorez
Dörte Eißfeldt, lauréate du prix Viviane Esders 2025
© Dörte Eißfeldt
Dörte Eißfeldt, lauréate du prix Viviane Esders 2025
Dörte Eißfeldt reçoit le prix Viviane Esders 2025 pour une œuvre qui repousse les frontières du médium, alliant rigueur conceptuelle et...
06 décembre 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Bellissima : la fabrique des apparences par Carla Rossi
© Carla Rossi
Bellissima : la fabrique des apparences par Carla Rossi
Dans son ouvrage Bellissima, publié par Art Paper Editions, Carla Rossi explore les désirs, les façades et les codes qui façonnent la...
03 décembre 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
5 événements photo à découvrir ce week-end
Rikka, la petite Balinaise, Fernand Nathan, Paris, 1956 © Dominique Darbois, Françoise Denoyelle.
5 événements photo à découvrir ce week-end
Ça y est, le week-end est là. Si vous prévoyez une sortie culturelle, mais ne savez pas encore où aller, voici cinq événements...
29 novembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Victor Gassmann : « Je crois en la matière »
Affiche Pictorial Service rue de la Comete 1950 © Archives Picto
Victor Gassmann : « Je crois en la matière »
Arrière-petit-fils de Pierre Gassmann, Victor Gassmann veille sur l’héritage de Picto, laboratoire emblématique qui a façonné le tirage...
27 novembre 2025   •  
Écrit par Fabrice Laroche
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les images de la semaine du 1er décembre 2025 : surface et profondeur
© Carla Rossi
Les images de la semaine du 1er décembre 2025 : surface et profondeur
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les photographes publiés sur les pages de Fisheye s’intéressent autant à la surface qu’à la...
Il y a 7 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Dörte Eißfeldt, lauréate du prix Viviane Esders 2025
© Dörte Eißfeldt
Dörte Eißfeldt, lauréate du prix Viviane Esders 2025
Dörte Eißfeldt reçoit le prix Viviane Esders 2025 pour une œuvre qui repousse les frontières du médium, alliant rigueur conceptuelle et...
06 décembre 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
3 livres à offrir à Noël : réel, fiction et mode
Dior par Yuriko Takagi © Yuriko Takagi
3 livres à offrir à Noël : réel, fiction et mode
Noël approche. À cette occasion, la rédaction de Fisheye vous concocte des sélections de ses livres photo préférés, que vous...
05 décembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Pour Noël, Tendance Floue organise une vente de tirages à moins de 70 euros
© Céline Croze / Tendance Floue
Pour Noël, Tendance Floue organise une vente de tirages à moins de 70 euros
Jusqu’au 10 décembre 2025, les membres de Tendance Floue vous proposent d’acquérir certaines de leurs œuvres grâce à une vente...
04 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet