Louise Massis et Émile Lecomte, nos coups de cœur de la semaine, parlent de corps, de simplicité et d’intimité. Si la première se plonge dans la dualité nature-culture et transpose les courbes et la peau au paysage environnant, le second cherche, à travers la rue et le portrait, à laisser une trace indélébile de sa génération, autant dans les mémoires que sur le papier.
Louise Massis
Si le commun des mortel·les pense avec les mots, Louise Massis pense avec des images. « Lorsque j’arrive dans un espace qui m’inspire visuellement, je vois immédiatement des compositions, des couleurs, des textures » soutient la photographe française. Puisant sa poésie dans le cinéma et le spectacle vivant, elle façonne avec la bienveillance du female gaze des photographies où le corps humain – souvent nu – épouse l’environnement dans lequel il se trouve. « Les courbes du corps des femmes me rappellent les paysages » confie-t-elle. Que ce soit dans son travail éditorial ou au gré de voyages entre ami·es, Louise Massis porte autant d’importance au décor – naturel, brut, étendu, symétrique, linéaire – qu’aux modèles, avec qui elle crée, avec douceur, un lien intime. « Je souhaite voir la beauté dans ce que le corps a de plus pur, dans sa simplicité, son immédiateté, révèle l’autrice. Je suis obsédée par la mer et par les déserts de sable, mais aussi par les structures architecturales non terminées. » Cette dualité nature et culture est au cœur de sa démarche artistique, bien qu’à certains moments, elle se laisse happer par un costume de bain, par un pantalon de lin blanc ou par un bout de tissu aux allures fantomatiques, qui rappellent l’appartenance à une société définie. « Le corps est toujours bien présent, mais comme une entité ectoplasme, sans autre forme que celles formées par le vent dans le drap », conclut-elle pleine d’enthousiasme.
Émile Lecomte
« J’ai du mal à parler de mon travail car je me cherche encore beaucoup » avoue modestement Émile Lecomte, jeune photographe et vidéaste de 20 ans. Étudiant en cinéma, il découvre l’image fixe à travers l’appareil reflex de sa mère durant un voyage en Italie, avant de développer une passion débordante pour l’argentique au moment des confinements. Rapidement, la photographie devient pour lui une façon de témoigner de sa génération et de ses rencontres. « L’intime, l’affinité et les cultures sont au centre de mes images. Mais ce qui m’intéresse le plus, ce sont les portraits des jeunes de mon âge. J’ai cette volonté de garder des traces de mon époque », explique-t-il. La rue se transforme alors en un théâtre des possibles. Visages juvéniles et danses espiègles jalonnent son travail, qui prend une dimension sociale. « La manière dont je m’adresse à mes sujets est tout aussi importante que le portrait que je vais créer, soutient l’auteur. Cela varie beaucoup d’un lieu et d’une personne à l’autre. J’apprends beaucoup de ces rencontres qui me permettent de progresser. » Toujours alerte, Émile Lecomte tend ainsi à transcrire de la simple réalité dans laquelle il vit et dans laquelle celles et ceux qu’il saisit grandissent.