Les coups de cœur #520 : Louise Massis et Émile Lecomte

25 novembre 2024   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #520 : Louise Massis et Émile Lecomte
© Émile Lecomte
Personne vêtue d'un pantalon blanc, d'un foulard orange couvrant le visage sur une étendue de sable
© Louise Massis

Louise Massis et Émile Lecomte, nos coups de cœur de la semaine, parlent de corps, de simplicité et d’intimité. Si la première se plonge dans la dualité nature-culture et transpose les courbes et la peau au paysage environnant, le second cherche, à travers la rue et le portrait, à laisser une trace indélébile de sa génération, autant dans les mémoires que sur le papier.

Louise Massis

Si le commun des mortel·les pense avec les mots, Louise Massis pense avec des images. « Lorsque j’arrive dans un espace qui m’inspire visuellement, je vois immédiatement des compositions, des couleurs, des textures » soutient la photographe française. Puisant sa poésie dans le cinéma et le spectacle vivant, elle façonne avec la bienveillance du female gaze des photographies où le corps humain – souvent nu –  épouse l’environnement dans lequel il se trouve. « Les courbes du corps des femmes me rappellent les paysages » confie-t-elle. Que ce soit dans son travail éditorial ou au gré de voyages entre ami·es, Louise Massis porte autant d’importance au décor – naturel, brut, étendu, symétrique, linéaire – qu’aux modèles, avec qui elle crée, avec douceur, un lien intime. « Je souhaite voir la beauté dans ce que le corps a de plus pur, dans sa simplicité, son immédiateté, révèle l’autrice. Je suis obsédée par la mer et par les déserts de sable, mais aussi par les structures architecturales non terminées. » Cette dualité nature et culture est au cœur de sa démarche artistique, bien qu’à certains moments, elle se laisse happer par un costume de bain, par un pantalon de lin blanc ou par un bout de tissu aux allures fantomatiques, qui rappellent l’appartenance à une société définie. « Le corps est toujours bien présent, mais comme une entité ectoplasme, sans autre forme que celles formées par le vent dans le drap », conclut-elle pleine d’enthousiasme.

Dos nu au milieu de roches couleur sable
© Louise Massis
Personne immergée sous l'eau, des roses flottent à la surface
© Louise Massis
personne nue accroupie sur la plage
© Louise Massis
© Louise Massis
© Louise Massis
Un jeune homme torse nu assi à table.
© Émile Lecomte

Émile Lecomte

« J’ai du mal à parler de mon travail car je me cherche encore beaucoup » avoue modestement Émile Lecomte, jeune photographe et vidéaste de 20 ans. Étudiant en cinéma, il découvre l’image fixe à travers l’appareil reflex de sa mère durant un voyage en Italie, avant de développer une passion débordante pour l’argentique au moment des confinements. Rapidement, la photographie devient pour lui une façon de témoigner de sa génération et de ses rencontres. « L’intime, l’affinité et les cultures sont au centre de mes images. Mais ce qui m’intéresse le plus, ce sont les portraits des jeunes de mon âge. J’ai cette volonté de garder des traces de mon époque », explique-t-il. La rue se transforme alors en un théâtre des possibles. Visages juvéniles et danses espiègles jalonnent son travail, qui prend une dimension sociale. « La manière dont je m’adresse à mes sujets est tout aussi importante que le portrait que je vais créer, soutient l’auteur. Cela varie beaucoup d’un lieu et d’une personne à l’autre. J’apprends beaucoup de ces rencontres qui me permettent de progresser. » Toujours alerte, Émile Lecomte tend ainsi à transcrire de la simple réalité dans laquelle il vit et dans laquelle celles et ceux qu’il saisit grandissent.

Jeune homme allongé sur le sol
© Émile Lecomte
Jeunes gens courant sut la plage
© Émile Lecomte
© Émile Lecomte
© Émile Lecomte
À lire aussi
Les coups de cœur #519 : Pauline Köhlen et Ryan Young
© Pauline Köhlen
Les coups de cœur #519 : Pauline Köhlen et Ryan Young
Pauline Köhlen et Ryan Young, nos coups de cœur de la semaine, s’intéressent à une forme d’ancrage. La première interroge notre relation…
18 novembre 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les coups de cœur #518 : Cecilia Pignocchi et Emma Corbineau
© Cecilia Pignocchi. Tempo Bello
Les coups de cœur #518 : Cecilia Pignocchi et Emma Corbineau
Cecilia Pignocchi et Emma Corbineau, nos coups de cœur de la semaine, dévoilent un cabinet de curiosités constitué de souvenirs et de…
11 novembre 2024   •  
Écrit par Marie Baranger
Explorez
5 questions à Charlotte Abramow : le souvenir de Maurice
© Charlotte Abramow
5 questions à Charlotte Abramow : le souvenir de Maurice
Sept ans après la publication de son ouvrage Maurice, tristesse et rigolade, Charlotte Abramow rouvre les pages de l’histoire de son...
03 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Elise Jaunet : quand l’intime devient manifeste
© Elise Jaunet
Elise Jaunet : quand l’intime devient manifeste
À travers sa série Faire corps – Journal d’une métamorphose, l’artiste nantaise Elise Jaunet explore la traversée du cancer du...
01 novembre 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Du pictorialisme au modernisme, la MEP célèbre l’œuvre d’Edward Weston
Edward Weston, Shells, 1927 © Center for Creative Photography, Arizona Board of Regents / Edward Weston, Adagp, Paris, 2025. Courtesy Wilson Centre for Photography
Du pictorialisme au modernisme, la MEP célèbre l’œuvre d’Edward Weston
Jusqu’au 21 janvier 2026, la Maison européenne de la photographie consacre une exposition exceptionnelle à Edward Weston. Intitulée...
30 octobre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Hamza Ashraf : Démo d’amour
We're Just Trying to Learn How to Love © Hamza Ashraf
Hamza Ashraf : Démo d’amour
Hamza Ashraf navigue dans le fleuve des sentiments amoureux et compose We’re Just Trying to Learn How to Love, un zine, autoédité, qui...
30 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Focus #81 : l’autodéfense écologique selon Chloé Azzopardi 
06:05
Focus #81 : l’autodéfense écologique selon Chloé Azzopardi 
C’est l’heure du rendez-vous Focus ! Au cœur du secteur Émergence de Paris Photo, Chloé Azzopardi dévoile, du 13 au 16 novembre 2025, Non...
Il y a 2 heures   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Paris Photo 2025 célèbre la photographie au Grand Palais
© Chloé Azzopardi / Fisheye Gallery
Paris Photo 2025 célèbre la photographie au Grand Palais
Du 13 au 16 novembre 2025, les yeux des amateurs de photographie seront tournés vers Paris Photo. La foire internationale se tiendra de...
Il y a 7 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Laura Menassa : Beyrouth comme corps et paysage
© Laura Menassa
Laura Menassa : Beyrouth comme corps et paysage
Entre journal intime visuel et témoignage collectif, le travail de Laura Menassa explore la fragilité et la résilience au cœur de...
04 novembre 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
La sélection Instagram #531 : dans le brouillard
© Francesco Topino / Instagram
La sélection Instagram #531 : dans le brouillard
Le ciel s’assombrit, les températures chutent. La vision se brouille. Alors que l’automne nous enveloppe dans une brume quotidienne, les...
04 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger