Les coups de cœur #542 : Roxane Cassehgari et Kinu Kamura

05 mai 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #542 : Roxane Cassehgari et Kinu Kamura
Me Myself and I © Kinu Kamura
Panneau indiquant le nom d'une rue en Iran
The Return © Roxane Cassehgari

Roxane Cassehgari et Kinu Kamura, nos coups de cœur de la semaine, explorent leurs identités multiples et les mémoires de leurs familles. La première part sur les traces des origines de son paternel, en Iran, après vingt ans d’absence et tisse avec délicatesse une relation avec sa culture. La seconde s’interroge sur sa double nationalité, franco-japonaise, et cherche à comprendre les liens entre métissage culturel et héréditaire.

Roxane Cassehgari

En septembre 2022, Roxane Cassehgari, photographe et anciennement avocate et chercheuse sur les questions des droits humains, se rend en Iran, pays de son père, après vingt d’absence. « C’est la première fois que j’y allais seule, en tant qu’adulte, et sans mon père », précise-t-elle. Alors que le 8e art l’appelait, elle fait de ce voyage un premier projet. « J’avais besoin de raconter mon histoire diasporique et le médium est pour moi un moyen de documenter et d’archiver des récits », ajoute l’artiste. De retour dans la maison familiale, tous les moments vécus vingt ans auparavant refont surface. « J’ai tout retrouvé, les repas, les pique-niques, les siestes, la maison au bord de la mer. Ils m’avaient profondément marqué sans le savoir. Je pense que c’est ça vivre dans la diaspora, c’est vivre dans la nostalgie de quelque chose qui nous manque sans vraiment le connaître », réfléchit-elle. Armée de son appareil photo, Roxane Cassehgari capture les détails, les instants d’intimité, les festins, les jeux, les temps de repos et compose sa série The Return. Doucement se dessine son ancrage avec cette « terre mère ». Elle raconte un récit universel, celui des enfants d’immigré·es et leur relation avec leur pays d’origine.

Un buffet de nourriture en Iran
The Return © Roxane Cassehgari
Des personnes assises de dos sur une balancelle face à la mer
The Return © Roxane Cassehgari
Deux hommes et un petit garçon jouent par terre à un jeu en bois
The Return © Roxane Cassehgari
Portrait d'une femme avec des bigoudis
The Return © Roxane Cassehgari
Petit garçon sur un rocher face à la rivière
The Return © Roxane Cassehgari
Des genoux blessés
Me, Myself and I © Kinu Kamura

Kinu Kamura

Kinu Kamura est franco-japonaise, japonaise du côté de son père qui est né à Nagasaki en 1947. L’artiste, vivant actuellement à Paris, a posé ses valises dans différentes villes du monde, de Tokyo à Londres, en passant par New York. « Chacune, à sa manière, a profondément marqué mon regard et nourri mon univers : urbain, vibrant, intense et métissé », confie-t-elle. « Métissage », ce mot correspond à un fil rouge dans son travail qu’elle définit ainsi : « Qu’il soit héréditaire et/ou culturel, il symbolise la rencontre et l’hybridation entre différentes cultures, ethnies ou traditions, générant un mélange génétique et socioculturel. » En 2019, elle commence sa série Me, Myself and I, initialement pensé comme une œuvre autobiographique. « Il visait à explorer les mémoires familiales et transgénérationnelles. Il a cependant pris une autre direction. Quand j’échangeais sur le projet, je revenais constamment autour des notions de métissage et d’identité », constate la photographe. À travers ses images, Kinu Kamura interroge ses nationalités, redéfinit leurs limites et réalise une analyse visuelle pour répondre à la question : « Comment se définir lorsqu’on porte en soi plusieurs héritages, parfois perçus comme contradictoires ? » Visage, corps et mouvements constituent une quête identitaire, un plongeon entre tradition et modernité, un voyage qui lui ouvre des perspectives tournées vers ce qu’elle nomme « une diversité réinventée ».

un oeil à l'envers
Me, Myself and I © Kinu Kamura
Une femme assise dont le visage est flou
Me, Myself and I © Kinu Kamura
Des jeunes sportifs de dos portant des maillots de sport japonais
Me, Myself and I © Kinu Kamura
Un visage dont le nez et la bouche sont dans l'ombre
Me, Myself and I © Kinu Kamura
À lire aussi
Les coups de cœur #540 : Rosalie Kassanda et François Dareau
© Rosalie Kassanda
Les coups de cœur #540 : Rosalie Kassanda et François Dareau
Nos coups de cœur de la semaine, Rosalie Kassanda et François Dareau, arpentent les rues du monde en quête de quelques étonnements et…
21 avril 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #541 : Julie Charbonnier et Melina Barberi
© Julie Charbonnier
Les coups de cœur #541 : Julie Charbonnier et Melina Barberi
Julie Charbonnier et Melina Barberi, nos coups de cœur de la semaine, nous plongent dans deux univers distincts. La première revient sur…
28 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Explorez
7 séries photographiques qui offrent une nouvelle vie à des archives familiales
Marianne et Ebba, The Mothers I Might Have Had © Caroline Furneaux
7 séries photographiques qui offrent une nouvelle vie à des archives familiales
Parmi les photographes qui travaillent autour des archives, un certain nombre s’intéresse aux images qui pourraient figurer, si ce n’est...
25 octobre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Abdulhamid Kircher : Sans re-pères
Rotting from Within © Abdulhamid Kircher
Abdulhamid Kircher : Sans re-pères
Dans son travail Rotting from Within, lauréat du grand prix Images Vevey, Abdulhamid Kircher livre un récit intime : tenter de briser un...
23 octobre 2025   •  
Écrit par Ana Corderot
Les coups de cœur #563 : Justin Phillips et Salomé Luce
© Justin Phillips
Les coups de cœur #563 : Justin Phillips et Salomé Luce
Justin Phillips et Salomé Luce, nos coups de cœur de la semaine, dessinent des images dans lesquelles les saisons défilent. Le premier...
20 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Rachel Seidu : être queer à Lille et à Lagos, une fierté émancipatrice
Peas in a Pod II, Emma et Maë, Lille, 2025. © Rachel Seidu
Rachel Seidu : être queer à Lille et à Lagos, une fierté émancipatrice
Dans le cadre du programme hors les murs de l’Institut pour la photographie de Lille, l’artiste nigériane Rachel Seidu expose Peas in a...
17 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
5 coups de cœur qui utilisent le noir et blanc
© David Zheng
5 coups de cœur qui utilisent le noir et blanc
Tous les lundis, nous partageons les projets de deux photographes qui ont retenu notre attention dans nos coups de cœur. Cette semaine...
À l'instant   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les images de la semaine du 20 octobre 2025 : famille, cultures alternatives et lumière
© Sara Silks
Les images de la semaine du 20 octobre 2025 : famille, cultures alternatives et lumière
C’est l’heure du récap ! Dans les pages de Fisheye cette semaine, les photographes nous font voyager, aussi bien dans des lieux...
26 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
7 séries photographiques qui offrent une nouvelle vie à des archives familiales
Marianne et Ebba, The Mothers I Might Have Had © Caroline Furneaux
7 séries photographiques qui offrent une nouvelle vie à des archives familiales
Parmi les photographes qui travaillent autour des archives, un certain nombre s’intéresse aux images qui pourraient figurer, si ce n’est...
25 octobre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Kiko et Mar : voyage dans les subcultures de Chine
If you want to come and see me, just let me know © Kiko et Mar
Kiko et Mar : voyage dans les subcultures de Chine
Fruit d’une résidence d’artiste en Chine, la série If you want to come and see me, just let me know, réalisée par le couple de...
24 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger