Justin Phillips et Salomé Luce, nos coups de cœur de la semaine, dessinent des images dans lesquelles les saisons défilent. Le premier compose un monde à la frontière entre les songes et le réel, tandis que la seconde sonde les méandres de la rupture.
Justin Phillips
Les images de Justin Phillips semblent tout droit venues d’un pays aux merveilles. Sur la surface plane, les tons clairs brillent comme des diamants. Des étoiles et des papillons se déploient et transportent celle ou celui qui regarde dans le monde des songes. « Je cherche à saisir l’esprit du sujet que je photographie, plus que le sujet lui-même », confie l’artiste, installé dans le Michigan. Inspiré par Sarah Moon, les pictoralistes, la fiction du glamour ou encore les contes de fées, Justin Phillips compose des tableaux envoutants dans lesquels le fantastique infuse dans la réalité. La nostalgie et l’espoir se confondent. Si sa pratique évolue de plus en plus vers le symbolisme, l’auteur se questionne sur la valeur des images aujourd’hui, alors que celles-ci se perdent dans un flux effréné. Pourtant, il persiste à croire que « l’image est sacrée malgré sa dilution et les effets durables de sa création ».
Salomé Luce
« Quand je travaille, ce n’est pas seulement pour moi, c’est aussi pour inviter l’autre à ressentir, à se reconnaître, à questionner sa propre intimité. L’image devient alors un lieu de partage fragile et précieux », raconte Salomé Luce, par ailleurs connue sous le pseudonyme MERINGUEBLUE. La photographe de 28 ans, installée à Tours, débute la photographie avant ses 10 ans. « Mon père en faisait beaucoup à défaut de parler. Je crois que j’ai commencé à photographier pour qu’on puisse communiquer, lui et moi. Une langue secrète, silencieuse, sans mots », confie-t-elle. Avec sa série Je n’aurai pas connu l’été, Salomé Luce adresse la rupture amoureuse avec délicatesse, où les objets et les paysages traduisent d’un entre-deux, un changement de saison. Elle invoque des références à Sarah Moon et Sophie Calle, s’affranchit des retouches, et laisse parler la tempête et ce qui lui échappe. « Je travaille à partir d’un état, d’une émotion fugace, d’un vide à combler. Je m’inspire de ce que je ne comprends pas encore tout à fait », conclut-elle.