Ludivine Amelot et Magdalena Ptiček, nos coups de cœur de la semaine, capturent leur environnement à la manière d’un journal de bord. La première puise son inspiration dans les rues tandis que la seconde se tourne davantage vers des lieux qu’elle pense familiers.
Ludivine Amelot
« J’apprécie l’idée de capturer un instant, de freiner le flot du temps pour admirer avec attention les petites choses insignifiantes qui, dans leur ordinaire, se sont mystérieusement éclipsées de notre esprit », explique Ludivine Amelot. Cinéaste de formation, elle ressentait une frustration à ne pouvoir s’attarder sur la subtilité d’un détail se suffisant à lui-même, à être prise dans une profusion d’images constante. La photographie s’est alors révélée à elle « comme un doux murmure que l’on finit par entendre ». Le quotidien s’est transformé en une matière infinie dans laquelle puiser une beauté insoupçonnée. Dans les rues, les vitrines deviennent des miroirs, les couleurs offrent des contrastes inattendus quand des objets étonnants éveillent la curiosité. « Jamais je ne m’aventure sans porter mon boîtier, l’anse toujours soigneusement attachée autour de mon poignet. J’aime l’authenticité, cependant, j’essaye d’entraîner le public dans les profondeurs d’une autre réalité. Je laisse une porte ouverte sur l’imagination qui se cache derrière chacune de mes images. Je m’efforce de mettre en lumière la grâce subtile et méconnue qui nous entoure », conclut-elle.
Magdalena Ptiček
Dans l’obscurité se révèlent des êtres d’une manière cinématographique. Ils déambulent çà et là entre les images d’un album intime, ancré dans une réalité sans échappatoire. « Je l’ai intitulé Nothing here is whole et, pour le résumer en une phrase, il s’agit de la recherche d’un foyer, indique Magdalena Ptiček. Je travaille dessus depuis environ six ans. Je ne me suis jamais sentie entière et cette série est une collection de mes tentatives pour trouver des morceaux de moi dans d’autres personnes et d’autres lieux. J’étais loin de me douter qu’ils ne seraient pas là. » Animée par cette quête de paix intérieure, la photographe n’a de cesse de suspendre des fragments singuliers, où l’espoir surgit sans crier gare. « C’est le journal d’un sentiment de perte et d’éparpillement, le document d’un tout jamais complètement formé », précise-t-elle. Chaque élément de ce journal s’impose finalement comme le départ d’une réflexion sur les relations que nous entretenons avec les autres, avec notre environnement, sur la trace que nous laissons derrière nous.