« Je pense que ce que j’aime le plus dans la vie, ce sont les histoires et la narration d’histoires. Je m’intéresse à celles du quotidien et au rôle de la mémoire dans la construction de la réalité et de la vision du monde de chacun·e. Contes populaires, prières, chansons, mémoire du paysage, berceuses, histoires à dormir debout… Les histoires sont à la base de ce que nous sommes en tant qu’êtres humains. Nous sommes un jardin toujours croissant d’histoires que nous collectons au cours de notre vie et que nous portons avec nous, à la fois en tant qu’individus et en tant que communauté », écrit Isabel Martin. Vivant à Amsterdam, et ayant grandi à Madrid dans un environnement familial serein, aimant le contact de nature et de la vie sauvage, l’artiste aspire aujourd’hui à construire un univers où le vivant se meut avec lyrisme. Se reflètent dans son travail des inspirations diverses : la poésie de Federico Garcia Llorca, la force visuelle de Sally Mann, la prose d’Irene Solá… En grande collectionneuse d’images depuis son enfance, les clichés qu’elle réalise aujourd’hui viennent compléter son corpus intime et personnel, tel un journal relatant des pensées éparses et des ressentis fluctuants. Au cœur de ses créations, l’omniprésence de la féminité et du rapport conflictuel au corps nous appelle. « En grandissant, j’ai toujours regardé mon corps et il me semble maintenant naturel de traduire cet intérêt dans mon travail. Je m’intéresse beaucoup au « féminin », à la redéfinition constante de la féminité et de l’homosexualité, et j’ai l’impression qu’il est impossible d’étudier ces concepts sans regarder le « corps » », ajoute-t-elle. Toujours avec beaucoup de tendresse et une infinie délicatesse, elle explore ainsi chaque détail, sublimant les poils sur la peau, les vergetures qui traversent les chairs et l’effet du vent sur l’esprit. « Quelqu’un m’a dit que mes sujets étaient représentés comme si je les avais aimés, et je me suis sentie très touchée par ce commentaire, parce que, d’une certaine manière, c’est vrai : je comprends l’acte de photographier comme un acte de soin et d’attention, de « reconnaissance » de l’autre et de ses histoires, ce qui est en fin de compte un acte d’amour. Ce qui m’intéresse, c’est de toujours faire un portrait à partir d’un point de tendresse et de curiosité et d’honorer l’intimité entre moi et mon sujet, là où la « photographie » se produit », conclut-elle.
Les jardins secrets d'Isabel Martin
© Isabel Martin
À lire aussi
© Mònica Figueras Domènech
Façonnant avec la lumière qui éclate sur les rochers, avec « les phénomènes de tourisme et le silence qu’ils laissent quand derrière eux…
Explorez
Julianne Moore and Family, 1999 © Tina Barney. Courtesy de l’artiste et Kasmin, New York.
Jusqu’au 19 janvier 2025, le Jeu de Paume met Tina Barney à l’honneur en lui consacrant sa première rétrospective européenne. Depuis...
© Kalo Chianetta
Virtuose d’à peine 19 ans, l’artiste sicilien Kalo Chianetta, depuis sa page Instagram où il poste Dal mio...
© Lulù Withheld
En mai dernier paraissait My Truth, un single de Madisine accompagné d’un clip vidéo, dans lequel il est question de violence domestique...
© Hui Choi / Instagram
Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine se laissent aller à leurs désirs les plus interdits. La sensualité et l’érotisme...
Nos derniers articles
Voir tous les articles
© Julie Poly
Avant 2022 et l’invasion russe en Ukraine, Julie Poly a réalisé un projet inédit sur l'atmosphère si particulière des trains de son pays....
© Hodaka Yamamoto / Instagram
Dans notre sélection Instagram de la semaine, tout est une question de point de vue. Les photographes jouent avec les angles et les...
© Francesca Hummler. And Jesus Wept, de la série Rituals
Aujourd’hui, plongée — littérale — dans l’œil de Francesca Hummler. Alors que sa bisexualité dérange son entourage et son Église, la...
© Fraglich Publishing
Publié chez Fraglich Publishing, Gülistan nous plonge dans les archives d’un couple dont nous ne savons rien si ce n’est qu’il avait pour...