Les petits contes visuels de Patty Maher

24 juillet 2019   •  
Écrit par Julien Hory
Les petits contes visuels de Patty Maher

Sujets insolites ou tendances, faites un break avec notre curiosité de la semaine. Patty Maher aime jouer avec les frontières. En témoigne Elemental, une série oscillant entre le réel et l’imaginaire, la photographie et le graphisme pur. Une série d’une poésie sombre et douce.

Patty Maher aime le mélange des genres. Après des études de littérature anglaise, elle se tourne en autodidacte vers une carrière artistique en 2010. Plutôt que photographe, la Canadienne se définit comme une artiste visuelle dont le support est la photographie. Comme elle l’explique, ce choix n’est pas anodin : « J’aime le médium photographique pour sa flexibilité et son indulgence. J’aime créer des œuvres et des scènes qui peuvent être modifiées au gré de mon imagination grâce aux outils de retouche numérique. J’expérimente sans cesse. L’art physique n’est pas aussi flexible. »

Briser intentionnellement les règles

En ce sens, sa série Elemental est représentative de son travail. Elle pourrait même en être l’essence. C’est en jouant sur le collage avec des images libres de droits, au jour de l’an 2019, que Patty Maher a eu l’idée de faire la même chose avec ses images. En mixant les codes de la peinture, du collage et de la photographie, elle entend s’affranchir des règles : « J’ai essayé de repousser les limites de mon travail pour briser intentionnellement les règles de ce qu’une photo devrait être. J’ai commencé à travailler le collage parce qu’il n’y a pas de règles. Aussi, j’aime la façon dont les peintres jouent avec la perspective, et j’ai voulu inclure ces éléments dans mon travail. Avec Elemental, je voulais que ce soit bien clair que je mélangeais les genres. »

Sa formation littéraire l’a également inspiré. Ses images apparaissent comme des petits contes : « Je travaille à partir de mon imagination ou de quelque chose que j’ai lu. Je veux amener les gens à s’interroger sur un contexte qui ne se limite pas à ce qu’ils regardent ou perçoivent : pourquoi le personnage est là ? Quelle est son histoire ? Que se passera-t-il ensuite ? », confie-t-elle.

© Patty Maher

Une féminité stylisée

Il est vrai que les œuvres de Patty Maher peuvent questionner. Du modèle présent sur la photo on ne sait rien de plus que ce que la mise en scène et la composition veulent nous dire. Dans ces images, les visages sont cachés, jamais ils n’apparaissent. L’artiste reste assez énigmatique sur ces disparitions : « J’aime avoir un sentiment d’anonymat dans mes photos où finalement, les personnages peuvent être n’importe qui. »

Pourtant, ces personnages possèdent une présence forte et des caractéristiques particulières. Toujours en robes, les cheveux très longs aux couleurs saturées qui tranchent avec le reste de l’image… Elle en est bien consciente : « Les formes, les postures et les couleurs sont importantes dans mon travail. J’aime utiliser chaque petit élément pour transmettre quelque chose. Je pense qu’il s’agit ici d’une féminité stylisée. »

© Patty Maher© Patty Maher
© Patty Maher© Patty Maher
© Patty Maher© Patty Maher

© Patty Maher

Explorez
Wes Anderson à la Cinémathèque : quand le cinéma devient photographie
Kara Hayward dans Moonrise Kingdom (2012), image tirée du film © DR
Wes Anderson à la Cinémathèque : quand le cinéma devient photographie
L'univers de Wes Anderson s'apparente à une galerie d'images où chaque plan pourrait figurer dans une exposition. Cela tombe à pic : du...
Il y a 7 heures   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Javier Ruiz au rythme de Chungking
© Javier Ruiz
Javier Ruiz au rythme de Chungking
Avec sa série Hong Kong, Javier Ruiz dresse le portrait d’une ville faite d’oxymores. Naviguant à travers le Chungking Mansions et les...
21 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Juno Calypso : palais paranoïaque
© Juno Calypso. What to Do With a Million Years ? « Subterranean Kitchen »
Juno Calypso : palais paranoïaque
Dans sa série What to Do With a Million Years ? , la photographe britannique Juno Calypso investit un abri antiatomique extravagant non...
20 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
La sélection Instagram #494 : explosion de nuances
© Maria Louceiro / Instagram
La sélection Instagram #494 : explosion de nuances
Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine s’approprient la couleur. En hommage aux beaux jours qui reviennent doucement...
18 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Wes Anderson à la Cinémathèque : quand le cinéma devient photographie
Kara Hayward dans Moonrise Kingdom (2012), image tirée du film © DR
Wes Anderson à la Cinémathèque : quand le cinéma devient photographie
L'univers de Wes Anderson s'apparente à une galerie d'images où chaque plan pourrait figurer dans une exposition. Cela tombe à pic : du...
Il y a 7 heures   •  
Écrit par Cassandre Thomas
A Lost Place : Aletheia Casey évoque le traumatisme des feux australiens
© Aletheia Casey
A Lost Place : Aletheia Casey évoque le traumatisme des feux australiens
À travers A Lost Place, Aletheia Casey matérialise des souvenirs traumatiques avec émotion. Résultant de cinq années de travail...
21 février 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Javier Ruiz au rythme de Chungking
© Javier Ruiz
Javier Ruiz au rythme de Chungking
Avec sa série Hong Kong, Javier Ruiz dresse le portrait d’une ville faite d’oxymores. Naviguant à travers le Chungking Mansions et les...
21 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Karim Kal : paysages nocturnes de la Haute Kabylie
© Karim Kal
Karim Kal : paysages nocturnes de la Haute Kabylie
Le photographe franco-algérien Karim Kal a remporté le prix HCB 2023 pour son projet Haute Kabylie. Son exposition Mons Ferratus sera...
20 février 2025   •  
Écrit par Costanza Spina