La pollution, les carcans sociétaux et l’éloignement du collectif aux dépens de l’individualisme en Europe poussent Federica Baruffi à une création photographique purificatoire. L’artiste italienne s’empare des notions et des couleurs liées à la spiritualité pour tenter d’adresser les contradictions qui nous entourent. Dans son travail, elle nous invite à repenser nos relations aux autres.
Installée à Pianura Padana, à 30 kilomètres de Milan, dans l’une des régions les plus polluées d’Europe, Federica Baruffi n’hésite pas à représenter le monde de la manière la plus honnête possible : direct, cru et critique. Face à l’urbanisation de masse, aux exploitations agricoles intensives et aux traumatismes collectifs, la photographe italienne compose un remède empreint de spiritualité pour calmer les maux – autant les siens que ceux du groupe social. « Je ressens de la frustration en habitant en Occident, confie-t-elle. C’est un contexte violent pour la nature. Traduire cette tempête d’émotions en images a un but cathartique : alléger l’âme. » L’antidote qu’elle propose ? La couleur argentée. Ce choix de colorimétrie n’est pas sans raison. S’il reflète particulièrement bien la lumière, il est aussi pour l’artiste un moyen de représenter la spiritualité. « Dans les disciplines de guérison par les énergies, le doré est utilisé pour soigner. Pour moi, l’argent s’apparente à l’or, mais avec une tonalité froide qui traduit la rigidité ressentie dans la société moderne à l’égard de certains thèmes anciens » révèle Federica Baruffi. Il représente une métaphore, celle de l’humain·e occidental·e qui n’a pas encore pleinement pris conscience des capacités qu’il peut développer pour se détacher du système économique dans lequel il est immergé. Ainsi, dans sa série L.I.M.B.O (Living In My Biological Obscurity), l’autrice explore de manière cathartique les complexités et les paradoxes existants dans la société occidentale et consumériste. « Je souhaite encourager les gens à reconsidérer l’individualisme et à embrasser une identité collective. Je veux les inviter à réfléchir à leurs expériences en tant que parties intégrantes d’un voyage partagé, les inciter à entreprendre une profonde introspection sur nos rôles dans un contexte plus large », achève-t-elle.