Les ténèbres, la forme pure de la lumière

15 novembre 2019   •  
Écrit par Julien Hory
Les ténèbres, la forme pure de la lumière

Dans ses images, Lucas Zimmermann court après l’expérience de la lumière. En procédant par réduction des zones éclairées, le photographe allemand sublime ses sujets. Un voyage dans des profondeurs obscures.

Depuis longtemps, le pouvoir révélateur de la lumière est utilisé dans les arts. Que ce soit à travers la peinture, par des métaphores littéraires ou tout simplement dans la nature, elle a souvent été le faisceau par lequel naissaient les images. Dans notre rapport à la création, la photographie en est peut-être l’héritière la plus directe. Lucas Zimmermann l’a bien compris et explore dans ses différentes séries cette capacité tout à la fois dévoilante et camouflante. « La lumière est ce qui provoque les émotions les plus fortes, explique-t-il. Lorsque j’ai étudié l’art classique, c’est le baroque qui me fascinait. Les ombres, dans une image, lui donnaient plus de profondeur et de force. »

Dans ses séries Traffic lights et Traffic lights 2.0, il exploite également le brouillard qu’il utilise comme une surface sensible par laquelle s’exprime la lumière. « Le brouillard fonctionne comme un médium à part entière, confie-t-il. J’aime à penser qu’associé à la lumière, il peut produire des sculptures. Mais il n’y a pas de sens caché derrière son utilisation, je travaille à l’instinct. » Par ses procédés techniques, il essaye de faire l’expérience de la lumière et des couleurs par la réduction des détails exposés.  « Je travaille par la réduction lumineuse afin de guider le regard sur le véritable sujet. J’instaure un dialogue entre la lumière et l’ombre, le connu et l’inconnu.»

© Lucas Zimmermann

Les profondeurs de l’âme

Si Lucas Zimmermann ne cherche pas forcément à délivrer de message dans ses images, certaines de ses séries sont explicitement engagées. Pour preuve, les photographies issues de Tent dans lesquelles il veut attirer l’attention sur la question de la pollution en haute montagne. Là encore il dirige la vision du spectateur. En utilisant la lumière diffusée à travers une toile de tente, il dévoile des montagnes de déchets, traces malheureuses de notre impact sur l’environnement. Ce message écologique entre en résonance avec les questions de société qui intéressent le photographe.

Notre rapport au monde l’interroge, nos relations humaines également. Avec Solitude Palace, c’est au smartphone que Lucas Zimmermann apporte son regard. Il s’est focalisé sur cet objet qui permet de nous relier tout comme il peut nous isoler. C’est en l’exploitant comme source lumineuse qu’il traite ce sujet si contemporain. Enfin, dans sa dernière série, il fait évoluer sa technique par l’utilisation d’un drone qui vient éclairer ses scènes de jeux d’enfants et de végétation conférant à ses clichés une atmosphère inquiétante et irréelle. Une façon pour lui de plonger dans les profondeurs de son âme et de capter la forme pure de la lumière : les ténèbres.

© Lucas Zimmermann

© Lucas Zimmermann

© Lucas Zimmermann© Lucas Zimmermann

© Lucas Zimmermann© Lucas Zimmermann

© Lucas Zimmermann

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