Pour son édition 2024, qui se tiendra du 13 au 23 juin, le Lodz Fotofestiwal explore les significations de la liberté. Les photographes utilisent leur art pour parler de la mutation, du changement social, de l’abattement des normes et du défi d’être libres.
Libérer est l’action de s’émanciper et assumer son pouvoir, mais c’est aussi la nécessité de rendre aux autres leur liberté, un droit fondamental. Pour son édition 2024, le Lodz Fotofestiwal invite des artistes qui réfléchissent à cette vaste question : le geste de la liberté. Il s’agit de s’affranchir de structures sociopolitiques obsolètes, de se libérer d’un passé traumatisant et de pressions intérieures, ainsi que de contextes visuels et de frontières qui semblent limiter notre perception, comme l’énoncent les curateurices. D’ailleurs, l’acte de la curation devient lui aussi objet d’une libération. Le festival entend quitter les schémas préétablis et abandonner les limites curatoriales. Marta Szymańska, membre du comité de programmation de Fotofestiwal, explique : « Cette année, nous nous intéressons de plus près aux histoires de nombreux·ses auteurices pour qui la photographie est devenue un moyen de faire face à l’adversité et aux expériences difficiles. Nous accueillons également des œuvres moins intimes, où les créateurices utilisent l’imagerie pour parler de la transformation et de la libération de normes strictes telles que le patriarcat ou la religion. »
Ces pays qui n’existent plus
L’appel ouvert de cette année est particulièrement percutant et porte sur les pays actuellement en passe de perdre leur liberté ainsi que sur ces pays qui n’existent pas, car non reconnus par la communauté internationale. Cette sélection met en valeur la scène photographique européenne et comprend six projets sélectionnés parmi 1 200 candidatures. L’Albanie, la Bosnie, la Moldavie, l’Ukraine sont à l’honneur. Les artistes aborderont des sujets tels que l’histoire difficile du régime albanais (The Great Father de Camilla de Maffei) ou celle de la Bosnie-Herzégovine d’après-guerre (The Real Edges d’Adrien Selbert). An Atlas of Countries That Don’t Exist est un projet du duo artistique italien Lavinia Parlamenti et Manfredi Pantanella, qui s’intéresse à cinq régions dont l’indépendance et l’identité n’ont pas été reconnues au niveau international. Maria Gutu construit à partir du lien entre les habitant·es de la Moldavie et leur territoire, confronté à l’émigration croissante des jeunes. Mykhaylo Palinchak porte la voix de tous·tes les Ukrainien·nes et se penche sur l’écho permanente des sirènes. Un rappel constant que nous vivons dans un monde dangereux et en constante évolution.