Manuel Armenis cherche les diamants dans la banalité du quotidien 

20 novembre 2023   •  
Écrit par Anaïs Viand
Manuel Armenis cherche les diamants dans la banalité du quotidien 
© Manuel Armenis
© Manuel Armenis

Installé à Hambourg, en Allemagne, Manuel Armenis se consacre à des projets aux longs cours explorant la condition humaine dans le quotidien urbain. Dans sa série Diamond Days, il partage ses déambulations sociologiques et existentielles.

Comme bien d’autres, c’est un proche qui a lancé Manuel Armenis dans le fabuleux monde du 8e art. Lorsqu’il pénètre, pour la première fois, dans la chambre noire d’un ami de la famille, il est séduit par la magie du médium. C’est là que tout a commencé. C’est à cet instant précis qu’il a eu envie d’apprendre et explorer. « Je me suis ensuite rendu à la bibliothèque municipale pour emprunter autant de livres sur la photographie qu’il était possible. Je les ai ensuite dévorés durant les vacances d’été. J’ai étudié la technique comme les grands courants – du 20e siècle notamment – et surtout le portrait. Et puis, j’ai torturé mes ami·es en les utilisant comme modèles… Je tentais alors de recréer les chefs d’oeuvres admirés. Inutile de dire que j’ai échoué lamentablement », confie Manuel Armenis, qui a finalement entrepris un cursus à Paris, au sein de l’école Icart. 

Aujourd’hui installé à Hambourg, en Allemagne, il situe son approche entre la photographie de rue et la photographie d’art. Fasciné par le banal, il arpente les rues afin de comprendre la complexité de la vie. « Je suis captivé par les gens et la façon dont iels deviennent qui iels sont, l’origine de leurs personnalités et de leurs convictions, parfois façonnées par l’environnement ». En parcourant les images de sa série Diamond Days, on se prend à penser, comme lui, que le commun peut devenir extraordinaire. Amorcée en 2012, son exploration célèbre le quotidien, l’ordinaire. Cet instant qui en dit long sur le présent, et qui porte les signes d’une époque révolue, et qui, parfois, nous invite à porter notre regard en arrière. 

© Manuel Armenis
© Manuel Armenis
© Manuel Armenis
© Manuel Armenis
© Manuel Armenis

Décorations sordides

Au-delà des bribes chaleureuses, colorées et ludiques qu’il capture, on entrevoit des nuances plus sobres, plus sombres, voire même un « soupçon de tristesse et de mélancolie ». Il y a par exemple, cette femme portant un chapeau blanc. Une rencontre fascinante. « Je l’avais déjà vue dans le quartier – on ne peut oublier son style et sa personnalité uniques. Souvent, on l’entendait avant de la voir, car elle se plaignait bruyamment : un chien beaucoup trop gros d’un passant, un feu de circulation lui laissant à peine le temps de traverser la rue… Et à d’autres moments, elle se montrait comme la personne la plus douce au monde, souriant et offrant des bonbons aux enfants. Avec mon portrait, j’ai essayé de capturer le calme et la tempête en elle ». Manuel Armenis ne porte pas seulement son attention sur celles et ceux qu’on ne regarde plus, il remarque aussi les détails étranges et autres décorations sordides, en bref, tout ce qui rend un espace ou une situation surréaliste. 

© Manuel Armenis
© Manuel Armenis
© Manuel Armenis
© Manuel Armenis
© Manuel Armenis
© Manuel Armenis
© Manuel Armenis
Explorez
Les coups de cœur #528 : Mélodie Roulaud et LickieMcGuire
© LickieMcGuire
Les coups de cœur #528 : Mélodie Roulaud et LickieMcGuire
Mélodie Roulaud et LickieMcGuire, nos coups de cœur de la semaine, se livrent toutes deux à une pratique photographique ayant trait à...
20 janvier 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Blue Monday : 24 séries de photographies qui remontent le moral 
© Charlotte Robin
Blue Monday : 24 séries de photographies qui remontent le moral 
Depuis 2005, chaque troisième lundi de janvier est connu pour être le Blue Monday. Derrière ce surnom se cache une croyance, née d’une...
18 janvier 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Marilia Destot : dans le paysage sommeille la mémoire du temps qui passe
© Marilia Destot
Marilia Destot : dans le paysage sommeille la mémoire du temps qui passe
Dans Memoryscapes, Marilia Destot poursuit son travail de collages aux lignes épurées. À travers cette nouvelle série au long...
15 janvier 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les coups de cœur #527 : Éloi Ficat et Vincent Binant
© Éloi Ficat
Les coups de cœur #527 : Éloi Ficat et Vincent Binant
Éloi Ficat et Vincent Binant, nos coups de cœur de la semaine, nous emmènent dans leur promenade lyrique à travers les paysages perdus et...
13 janvier 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Jean Ranobrac : des imaginaires queers iconiques
© Jean Ranobrac
Jean Ranobrac : des imaginaires queers iconiques
Jean Ranobrac est artiste et photographe. Magicien de la retouche, il est connu pour ses univers queers déjantés. Après avoir arpenté les...
Il y a 4 heures   •  
Écrit par Costanza Spina
Sony World Photography Awards : la photographie à la fleur de l'âge
© Thapelo Mahlangu, South Africa, Shortlist, Student Competition, Sony World Photography Awards 2025
Sony World Photography Awards : la photographie à la fleur de l’âge
Les Sony World Photography Awards annoncent les finalistes de ses deux compétitions célébrant les jeunes photographes à travers le monde...
21 janvier 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Balázs Turós et le quotidien de sa grand-mère atteinte de démence
© Balázs Turós
Balázs Turós et le quotidien de sa grand-mère atteinte de démence
Confronté à la maladie de sa grand-mère et à ses propres questionnements existentiels, le photographe hongrois Balázs Turós sonde l’âme...
21 janvier 2025   •  
Écrit par Agathe Kalfas
La sélection Instagram #490 : jardin secret
© Talya Brott / Instagram
La sélection Instagram #490 : jardin secret
Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine confectionnent un nid douillet. Sur leurs images se dévoilent un cocon familial...
21 janvier 2025   •  
Écrit par Marie Baranger