Esthétisme, poésie et minimalisme rythment l’art de Margaret Lansink. À l’occasion de sa nouvelle exposition Friction, présentée à la Galerie Bildhalle d’Amsterdam jusqu’au 9 septembre, elle revient sur son art inspiré de sa vie personnelle, de Simone de Beauvoir et de la culture japonaise.
« Grâce à mon utilisation de la photographie intuitive, je souhaite créer des images qui présentent une réflexion ouverte et honnête de mes propres émotions, de mes doutes ou de mes luttes dans la vie », déclare Margaret Lansink. Ce pont bâti entre ses blessures et ses joies est ce qui caractérise son travail – des émois entourés de pudeur. Dans sa dernière série, Friction, l’artiste s’inspire des écrits de Simone de Beauvoir qui l’ont profondément touchée. « En lisant les textes de cette autrice, j’ai parfois l’impression que mes pensées intérieures sur la vie sont exprimées. L’essentiel de sa philosophie me tient à cœur : ”La vie est un processus de devenir, d’éternel devenir !” », confie la photographe. Une manière pour elle de convaincre les gens d’embrasser l’idée que la vraie beauté réside dans le changement.
Un message universel
Une démarche née bien avant la réalisation de sa dernière série – dans laquelle elle reprend certaines œuvres de ses précédents projets, Borders of Nothingness et plus récemment On the Mend. Au cœur de ce dernier, elle illustrait, en s’inspirant de la philosophie japonaise Wabi Sabi, le voyage que sa fille et elle ont entrepris pour se reconnecter après une longue période de séparation. Un lien intrinsèque entre sa vie personnelle et la culture du pays du soleil levant qui n’a de cesse de l’influencer. Sa technique de collage en est directement inspirée, puisque l’utilisation des feuilles d’or provient de l’art du Kintsugi qui consiste à réparer des objets brisés. La photographe choisit de se nourrir de cette technique afin d’embellir les blessures, qu’elles soient physiques ou psychologiques, de ne pas les cacher et en avoir honte, mais de les guérir. « C’est ainsi que j’invite doucement les spectateurices à s’embarquer dans un voyage à travers son propre réseau complexe de souvenirs et d’émotions ». Et bien qu’il y ait eu des blessures, des cassures, ce n’est pas ce qui ressort de l’art de Margaret Lansink. Cette dernière préfère s’accrocher à une idée universelle : l’amour. Quel qu’il soit, sous toutes ses formes, celui qu’elle ressent pour sa fille aînée, celui que lui inspire la nature qui l’entoure, ce sentiment éternel transperce ses œuvres. Il se ressent de la photo au collage en passant par l’utilisation de la technique du platine palladium (qui lui sert à représenter au mieux les différents gris), ou encore à travers le récit qui a inspiré le processus. Tout le cheminement créatif de son œuvre en est empli. « C’est aussi ce que me disent les gens ; mes images les touchent tellement parce qu’iels peuvent y sentir une partie d’elleux-mêmes. Des histoires qui pourraient être les leurs », conclut l’artiste.