Martine Franck, une photographe empathique

16 novembre 2018   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Martine Franck, une photographe empathique

L’exposition Martine Franck inaugure les nouveaux espaces de la Fondation Henri Cartier-Bresson. Une première rétrospective du travail de cette artiste belge, guidée par son empathie.

Les nouveaux espaces de la Fondation Henri Cartier-Bresson ont ouvert leurs portes le 6 novembre dernier. Lumineux, le lieu accueille les visiteurs dans une cour intérieure qui donne sur « les perles des archives », des photographies légendées, affichées sur les murs. Un ornement qui attire les regards des passants, et leur donne un aperçu de l’œuvre des photographes mis en avant à la Fondation.

Dans la grande salle d’exposition, pensée spécialement pour accueillir et sublimer des photos – aucun reflet ne vient ternir la beauté de l’image -, trônent les clichés de Martine Franck, femme de Cartier-Bresson, décédée en 2012. La scénographie est sobre, mais élégante. Elle convient à merveille à la simplicité, la délicatesse des œuvres de l’artiste. Portraits et paysages se répondent, et mettent en exergue les deux facettes de Martine : la photographe de l’instant, et l’observatrice, plus patiente. « Henri Cartier-Bresson continuait à déclarer qu’elle n’était pas faite pour le trottoir, et brillait dans ses compositions plus contemplatives », confie Agnès Sire, commissaire de l’exposition, et directrice artistique de la Fondation.

© Martine Franck / Magnum Photos

Une gentillesse séduisante

Cette exposition s’impose comme la première rétrospective dédiée à Martine Franck. Le parcours, pensé comme une chronologie, nous accompagne et met en lumière l’évolution de la photographe, de ses portraits à ses compositions plus abstraites. Pourtant, parmi la vaste sélection d’images, la compassion de l’artiste lie les époques. « Elle possède la même empathie pour une jeune fille qui pleure De Gaulle que pour ce vieil homme, qui s’oppose au mouvement Mai 68 », remarque Agnès Sire, devant des clichés de manifestations, en France. « Elle était évidemment très partisane et militante, mais son respect pour les gens était si grand que son altruisme se manifestait toujours », ajoute-t-elle.

Dans les différents recoins de la salle, défilent à tour de rôle des portraits de personnes âgées, de personnalités – David Goldblatt, Saul Leiter, et même son mari – mais aussi d’enfants bouddhistes, vivant dans des monastères dans l’attente de devenir lama. « La notion d’offrir un regard était très important pour elle », précise Agnès. « S’il ne se passe rien entre elle et son modèle, alors le portrait ne peut être bon ». C’est donc cette complicité particulière, cette gentillesse séduisante qui habitent les photographies de Martine Franck. Une empathie que l’on retrouve même dans ses clichés les plus récents, des études abstraites autour de la pierre, écho de sa passion pour la sculpture. « Martine me disait “ne t’en fais pas, je vais me fondre dans la nature” », conclut Agnès. Un besoin d’osmose qu’elle recherche même dans son environnement.

© Martine Franck / Magnum Photos

© Martine Franck / Magnum Photos

© Martine Franck / Magnum Photos

Explorez
16 expositions photographiques à découvrir en novembre 2025
Topside III, de la série L’île naufragée, 2022 © Richard Pak
16 expositions photographiques à découvrir en novembre 2025
Pour occuper les journées d'automne, la rédaction de Fisheye a sélectionné une série d'événements photographiques à découvrir à Paris et...
17 novembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Paris Photo 2025 : atteindre sa montagne intérieure avec Suwon Lee
© Suwon Lee, Pico Bolívar I, 2025 / Courtesy of Sorondo Projects
Paris Photo 2025 : atteindre sa montagne intérieure avec Suwon Lee
Présentée cette année par Sorondo Projects (Barcelone) à Paris Photo, la série The Sacred Mountain de Suwon Lee raconte une quête...
14 novembre 2025   •  
Écrit par Milena III
Les images de la semaine du 20 octobre 2025 : famille, cultures alternatives et lumière
© Sara Silks
Les images de la semaine du 20 octobre 2025 : famille, cultures alternatives et lumière
C’est l’heure du récap ! Dans les pages de Fisheye cette semaine, les photographes nous font voyager, aussi bien dans des lieux...
26 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Festival InCadaqués : les coups de cœur de la rédaction
Hail Mary, bobbin lace, serpent’s thread © Emilia Martin, Special Mention InCadaqués Festival Open Call 2025
Festival InCadaqués : les coups de cœur de la rédaction
La rédaction de Fisheye a déambulé dans les rues idylliques du village de Cadaqués, en Espagne, à l'occasion du Festival Photo...
16 octobre 2025   •  
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Au musée des Arts décoratifs, Guénaëlle de Carbonnières exhume la mémoire
© Guénaëlle de Carbonnières
Au musée des Arts décoratifs, Guénaëlle de Carbonnières exhume la mémoire
Jusqu’au 1er février 2026, le musée des Arts décoratifs de Paris vous invite à découvrir Dans le creux des images. Cette exposition...
Il y a 2 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Loose Fist : une cartographie de la masculinité par Arhant Shrestha
Adarsh © Arhant Shrestha
Loose Fist : une cartographie de la masculinité par Arhant Shrestha
À la librairie 7L, le photographe népalais Arhant Shrestha présente Loose Fist, livre et exposition issus d’un long travail de...
18 novembre 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
La sélection Instagram #533 : au pays des mots
© Simon Phumin / Instagram
La sélection Instagram #533 : au pays des mots
Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine se plongent dans les livres et les univers composés de mots. Ouvrages, magazines...
18 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
16 expositions photographiques à découvrir en novembre 2025
Topside III, de la série L’île naufragée, 2022 © Richard Pak
16 expositions photographiques à découvrir en novembre 2025
Pour occuper les journées d'automne, la rédaction de Fisheye a sélectionné une série d'événements photographiques à découvrir à Paris et...
17 novembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine