À la lumière des néons, le soir, des flaques d’eau reluisent dans une rue déserte, une voiture est entièrement redessinée par les reflets d’un casino ou d’une enseigne de motel, ambiance américaine. Originaire de New York, résidant à Los Angeles, Neil Kryszak puise en partie dans l’inépuisable esthétique rétro synthwave des années 1980. L’artiste a été formé à la musique et au cinéma, et cela se ressent beaucoup dans son travail photographique, qui vient d’un désir de créer des paysages de rêve hypnagogique – un état de semi-conscience – , tant pour lui-même que pour ses spectateurices. Le réel ne l’intéresse guère, pas plus que l’imagination pure. Seul le brouillage des frontières de la réalité le motive. « Mon approche découle de mes aventures méditatives et exploratoires, révèle-t-il. Je cherche à créer des images qui traduisent un domaine situé quelque part entre les dimensions physiques et psychologiques. » Grand illusionniste, Neil Kryszak parvient à surmonter sa propre angoisse de la banalité, son sentiment du glauque ou du maussade à coup de surréalisme et d’onirisme. Son œuvre, qu’elle soit musicale ou visuelle, est une autoréflexion constante, et constitue un voyage palpitant dans les tréfonds de la condition humaine et de sa complexité. « Je suis particulièrement inspirée par le son et la fréquence, la lumière et le travail de l’ombre, la guérison, la transformation et les paysages illimités de notre imagination. Mon inspiration provient principalement de mon désir d’évoquer des émotions, d’éveiller la curiosité et de créer des liens par le biais de récits visuels, ainsi que de traduire des idées musicales en formes visuelles », confie-t-il. Largement inspiré par la transformation et la navigation à partir d’expériences négatives, les atmosphères capturées par Neil Kryszak sont brumeuses, étranges, prennent souvent place dans des lieux délaissés. Neil Kryszak donne ce pouvoir au 8e art de dépasser la stricte réalité pour l’emmener au cœur du fantasme, du rêve et de la beauté. « Je cherche à créer des miroirs à travers mes photographies, encourageant les spectateurices à se connecter à leurs expériences, à s’engager dans des couches plus profondes de la conscience, et à simplement se connecter avec les autres dans un royaume de langage au-delà des mots », conclut-il. On pourra se laisser porter, à volonté, par les amples synthétiseurs, les sons psychédéliques et l’ambiance hallucinée d’un morceau que l’on imagine déjà porter vers l’infini.
Neil Kryszak : quand la photographie part en délire psychique

© Neil Kryszak
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