Niort : la Jeune Photographie imagine le monde d’après

06 février 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Niort : la Jeune Photographie imagine le monde d’après
© Thomas Pendeliau
© Alice Pallot
© Alisa Martynova
© Catherine Chatzidimitriou

Pour leur trentième anniversaire, les Rencontres de la Jeune Photographie Internationale de Niort nous invitent à réfléchir au monde d’après. Huit jeunes photographes s’emparent du sujet pour nous transporter dans des imaginaires tiraillés entre l’utopie et la dystopie.

Depuis 30 ans, les Rencontres de la Jeune Photographie Internationale de Niort dénichent des talents photographiques émergents. Du 5 avril au 25 mai, les Rencontres fêteront leurs trente ans et, loin de tomber dans le passéisme, elles regardent vers l’avenir. La thématique de l’appel à candidatures 2023 ? 30 ans après ? Une question qui n’a rien de simple, car elle défie notre perception du monde en profondeur. « Qu’en sera-t-il de l’image photographique, quel est son devenir ? Quels changements de paradigmes s’opéreront ? Qu’en sera-t-il de la dualité entre la virtualité et la réalité ? Quelles questions l’écologie photographique posent-elles ? », Patrick Delat, directeur artistique, invite huit jeunes photographes à répondre à ces interrogations à travers des écritures multiples. Alisa Martynova (artiste russe installée en Italie), Sumi Anjuman (Bangladeshi vivant à La Haye) Cristóbal Ascencio (d’origine mexicaine et établi à Madrid), Marine Combes, Violaine Carrère, Alice Pallot, Thomas Pendeliau et le duo Adrien Pontet et Tao Douay – toustes demeurant en France – se sont emparé·es du sujet. L’enjeu les plus urgent, fil rouge récurrent entre toutes ces propositions, est le rapport des humain·es à l’environnement et l’urgence de s’organiser face à l’écocide.

Proposer des mondes nouveaux

C’est donc avec audace, et en fuyant les tentations dystopiques, que ces photographes se sont saisi·es du sujet. Leur ambition ? Proposer des mondes nouveaux et trouver, par l’image, la force de continuer à lutter. Alice Pallot présente la deuxième partie de son projet Algues maudites, a sea of tears, réalisé pendant la Résidence 1+2 en juin 2022, traitant de la toxicité des algues en Bretagne nord et de leurs impacts sur la biodiversité. « En juin 2022, au CNRS Occitanie Ouest, avec la scientifique Joséphine Leflaive, nous avons fait pousser en culture des microalgues cyanobactéries sur des tirages photographiques dans des boites de Pétri, raconte Alice. C’est par accident qu’au bout de trois semaines de pousse des algues sur le tirage, je découvrais que celui-ci avait été entamé par la toxicité des algues et par le manque d’oxygène, dès lors invisible. En partant de cet accident, je réaliserai à la Villa Perochon, avec une nouvelle série d’images, une installation vivante et expérimentale d’images évolutives qui imprimeront la toxicité invisible des algues sur le tirage photographique. »

Marine Combes, quant à elle, imagine la Belgique de 2053, en pleine crise de pollution lumineuse. Désormais, aucune étoile ne brille dans le ciel, qui d’ailleurs a perdu sa couleur noire. La photographe construit alors un monde illuminé au led rouge, dans l’espoir de diminuer rapidement la pollution lumineuse. Dans ce conte d’anticipation, une coalition se crée entre un groupe de scientifiques et un groupe d’artistes, dans la ville de Niort, sous le nom du collectif Herschel (en hommage à l’astronome, pionnier de la photographie, philosophe, physicien et météorologue John Herschel, ndlr). Ensemble, iels vont rédiger le Manifeste rouge, dans lequel iels expriment leur inquiétude « pour l’ordre naturel des choses, continuellement perturbé par les pratiques du monde occidental des vingt dernières décennies. »

© Alisa Martynova
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