« J’ai toujours shooté dans l’idée de garder des souvenirs, de capturer des chocs émotionnels, des coups de foudre esthétiques », nous confiait Léo Berne, lors d’une interview, dans le cadre de sa double exposition From dawn to dusk/From dusk to dawn, à la Galerie &co119, en 2020. Mordu de photographie depuis son enfance, l’artiste ne cesse d’enrichir son « journal photographique » d’année en année. Dans ses images, point de narration ni de thématique réfléchie, mais un besoin de figer la force d’un instant, la beauté du spontané. Entre naturel et mise en scène, les créations de Léo Berne défient le réalisme, et parviennent, toujours avec justesse, à saisir l’absurdité du quotidien. États-Unis, Vietnam, Chili, Suède… grand voyageur, l’auteur attrape, à la volée, des portraits vibrants de ses périples, pris sur le vif, en plein cœur des festivités nocturnes, comme dans le calme des rues au petit matin. Une collection de sensations fortes, saisies à l’aide de son objectif. Mais qui est l’homme derrière le boîtier ? Découvrez-le, à travers son portrait chinois !
Si tu étais…
Une de tes images ?
Je serais celle-ci (voir ci-dessus). Je pense qu’elle illustre bien ma manière de prendre des photos. Je collecte des impressions esthétiques, des souvenirs. Ici, en promenade avec mes ami·e·s, j’ai improvisé une petite mise en scène pour figer mon impression du lieu : ce contraste entre la simplicité et la fragilité de mon amie donnant le sein à son enfant, face à la puissance presque effrayante de ces avions qui atterrissent. J’ai donc cherché un cadre pour le raconter en une image.
Un shooting rêvé ?
Un voyage au Japon, avec quelqu’un que j’aime.
Une émotion ?
La joie mélancolique.
Un objet insolite ?
Un album de toutes les photos que je n’ai pas pu prendre.
Un paysage ?
Celui derrière la Joconde.
Une anecdote ?
Une fois, j’ai vu un OVNI super bizarre, constitué de trois boules vertes, surmontées d’une grosse sphère violette transparente. Il avançait en silence, à une dizaine de mètres au-dessus de mois, de façon absolument rectiligne. Quand je l’ai pointé du doigt à mes amis, ils m’ont simplement dit : « Ah oui, trop bizarre », et ont repris leur conversation. L’OVNI a continué sa ligne droite, jusqu’à ce qu’il devienne trop petit pour que je puisse le distinguer.
Un animal ?
Un chat, parce qu’ils sont calmes et fous, affectueux et distants, et parce qu’ils ont l’air intelligents alors qu’ils sont complètement cons.
Un personnage fictif ?
Old Boy, parce que moi aussi, j’ai été enfermé pendant dix ans – dans une agence de publicité.
Un artiste ?
L’écrivain japonais Junichirô Tanizaki, parce que je me reconnais dans sa frustration esthétique, face à la modernité évoquée dans Éloge de l’ombre.
Un appareil et objectif ?
Un Leica M6, summicron 35 et 50, Ektar 100.
© Léo Berne