Paris Photo : Carte Blanche étudiante 2018

06 novembre 2018   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Paris Photo : Carte Blanche étudiante 2018

Paris Photo, la Picto Fondation et la SNCF présentent, pour la 2e année consécutive, Carte Blanche, une plateforme dédiée aux jeunes talents. Sélectionnés par un jury d’experts, quatre lauréats exposeront leurs créations à Paris Photo.

Pour la seconde année consécutive, Paris Photo, Picto Fondation et la SCNF s’associent afin de créer une plateforme de découverte et de visibilité pour les jeunes talents, étudiants en photographie. Parmi plus de 100 écoles européennes participantes, quatre lauréats ont été choisis par un jury composé notamment de Sylvain Bailly (directeur des affaires culturelles de la SNCF), Vincent Marcilhacy (directeur de la Picto Fondation) et Christoph Wiesner (directeur artistique de Paris Photo) : Daria Minina, Daniel Szalai, Kata Geibl et Simon Lehner. Leurs créations seront exposées sur le stand F1 de Paris Photo, du 8 au 12 novembre 2018.

Une politique qui s’enlise

La photographe Daria Minina s’intéresse à la notion d’intimité. Elle étudie la jeunesse et les stéréotypes qui l’entourent dans son pays d’origine, la Russie. La Génération Poutine croise le chemin de Cyril, 21 ans et Rodion, 18 ans, tous deux originaires de Krasnoïarsk, en Sibérie. En couple, les deux jeunes hommes évoluent dans une Russie plus ouverte d’esprit, influencée par la culture occidentale et transformée par la mondialisation. Pourtant, les mœurs du territoire évoluent lentement et les politiques anti-LGBT demeurent puissantes. En parallèle, Daria présente un univers absurde, divisé entre la « génération Poutine », et sa pseudo-tolérance, et l’idéologie dans laquelle le pays semble enlisé.

© Daria Minina

© Daria Minina© Daria Minina

© Daria Minina

Portraits de poules

Né à Budapest, Daniel Szalai se spécialise dans le grand format. Ses recherches s’orientent vers les enjeux mondiaux, notamment la traite animale et l’écologie. Dans Novogen, il s’intéresse à l’élevage industrialisé des poulets de race Novogen White, dont les œufs sont utilisés dans la production de produits pharmaceutiques. À travers des décors cliniques et des mises en scène absurdes, Daniel pousse le regardeur à s’interroger. Quelles sont les limites éthiques de la technologie ? En quoi influencent-elles notre relation à la nature ? Devrions-nous ainsi nous identifier à Dieu ? Un travail fascinant, qui mêle prises de vue, installations et documentations marketing.

© Daniel Szalai

© Daniel Szalai

© Daniel Szalai

© Daniel Szalai

Un laboratoire imaginaire

« Dans mes séries, j’essaie toujours de questionner la réalité qui nous entoure »,

explique Kata Geibl, photographe d’origine hongroise. Au sein de cette carte blanche, elle présente Sisyphus, une série inspirée du mythe de Sisyphe. Sisyphe, fils d’Éole le dieu du vent,  avait, entre autres méfaits, tenté d’enchaîner Thanatos, le dieu de la mort. Pour cela, il fut condamné à pousser chaque jour un énorme rocher jusqu’au sommet d’une montagne, avant que ce dernier ne dévale la pente, et à renouveler cette action indéfiniment. Selon Kata, Sisyphe représente l’être humain. Le progrès de la science nous pousse à voir toujours plus loin, usant de la technologie pour percevoir des choses que notre œil peine à voir. En conséquence, l’humanité commence à réaliser qu’elle court à sa perte. Un cercle vicieux duquel elle ne peut sortir. Sisyphus représente un laboratoire imaginaire, dans lequel le lecteur avance, et décide lui-même de ce qui est fiction ou réalité, mythe ou science.

© Kata Geibl© Kata Geibl
© Kata Geibl© Kata Geibl

© Kata Geibl

L’esprit d’un jeune garçon

Simon Lehner vient d’Autriche. Il présente How far is a lightyear ? à Paris Photo. Dans cette série, le photographe développe un univers délicat, traversé par les notions de paternité, d’amour et d’identité. Nous voici dans l’esprit d’un jeune garçon, pris au milieu d’une histoire d’amour compliquée. « Le titre vient d’une question que j’ai posée à mon père lorsque j’étais enfant, à propos du temps qui s’est écoulé depuis qu’il a quitté la famille », confie Simon. Entre clichés et numérisations 3D – les seules images qu’il lui reste de son père remontent à 2005 – le jeune artiste construit un univers poétique. Un monde dans lequel peurs et rêves d’enfant se rencontrent et aident le protagoniste à se développer.

© Simon Lehner© Simon Lehner
© Simon Lehner© Simon Lehner

© Simon Lehner

Explorez
Les coups de cœur #545 : Rose Guiheux et Maksim Semionov
Melvin and Milan's room, 2024 © Rose Guiheux
Les coups de cœur #545 : Rose Guiheux et Maksim Semionov
Rose Guiheux et Maksim Semionov, nos coups de cœur de la semaine, explorent l’individu dans son rapport à l’autre et à l’espace. Abordant...
02 juin 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Huá biàn : quand la musique se rebelle
Love, de la série Huá biàn © Agathe Veidt
Huá biàn : quand la musique se rebelle
Agathe Veidt saisit la fête et les chants de révolte au cœur d’une boîte de nuit de renom à Shenzhen. De retour en France, elle tricote...
29 mai 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Katrin Koenning et le deuil partagé du vivant
© Katrin Koenning, between the skin and sea / Courtesy of the artist and Chose Commune
Katrin Koenning et le deuil partagé du vivant
Photographe établie en Australie, Katrin Koenning signe between the skin and sea, un livre bouleversant paru chez Chose Commune en 2024....
27 mai 2025   •  
Écrit par Milena III
La sélection Instagram #508 : jeux de mains
@ Zoé Schulthess / Instagram
La sélection Instagram #508 : jeux de mains
Lien entre soi et le monde, la main suscite un intérêt immuable dans le domaine des arts. Les photographes de notre sélection Instagram...
27 mai 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Valentine Gauthier Fell et Rebekka Deubner racontent la jeunesse en foyer
© Rebekka Deubner
Valentine Gauthier Fell et Rebekka Deubner racontent la jeunesse en foyer
Publié chez Rotolux Press, En vif est une immersion sensible dans le quotidien d’une maison d’enfants à caractère social. L’autrice...
02 juin 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Les coups de cœur #545 : Rose Guiheux et Maksim Semionov
Melvin and Milan's room, 2024 © Rose Guiheux
Les coups de cœur #545 : Rose Guiheux et Maksim Semionov
Rose Guiheux et Maksim Semionov, nos coups de cœur de la semaine, explorent l’individu dans son rapport à l’autre et à l’espace. Abordant...
02 juin 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Les images de la semaine du 26 mai 2025 : un autre regard sur le monde
Made in Hong Kong, de la série Huá biàn © Agathe Veidt
Les images de la semaine du 26 mai 2025 : un autre regard sur le monde
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye rendent hommage à Sebastião Salgado, évoquent le deuil, les déchets des...
01 juin 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les yeux dans les yeux, portraits de la collection Pinault
© Annie Leibovitz
Les yeux dans les yeux, portraits de la collection Pinault
À l’occasion de la cinquième édition d’Exporama, la Collection Pinault fait halte à Rennes avec une exposition magistrale sur le...
31 mai 2025   •  
Écrit par Costanza Spina