L’artiste Patricia Voulgaris ancre sa pratique dans un dialogue entre réalité et fiction. À travers le noir et blanc, elle crée des images qui interrogent notre perception et évoquent une dimension surréaliste. Son travail sur la mémoire s’appuie sur la reconstitution de souvenirs fragmentés, en écho au monde des rêves. Par des processus techniques subtils, elle parvient à nous emmener à la lisière du réel.
Patricia Voulgaris nous ouvre les portes de son monde enchanteur à travers une photographie intime qui puise dans la mémoire. En explorant le langage de l’inconscient, elle nous entraîne dans des atmosphères à la fois familières et troublantes, interrogeant notre rapport à la réalité. À la frontière entre les mondes, son travail bouscule les codes et les sensations. Son noir et blanc ensorcelant, riche de sous-entendus et de mystères, renforce cette tension entre rêve et réalité.
Fisheye : comment as-tu découvert la photographie ?
Patricia Voulgaris : J’ai commencé à prendre des photos au lycée, inspirée par un cours de chambre noire. Cette première expérience m’a menée à poursuivre des études à la School of Visual Arts de New York pour mon diplôme de premier cycle, et depuis, la photographie est devenue une véritable passion.
Est-ce qu’on pourrait définir ta photographie comme surréaliste ?
Mon travail s’inscrit dans un entre-deux entre réalité et fiction, ce qui lui confère naturellement une dimension surréaliste. L’usage du noir et blanc accentue encore cet effet, en créant une distance avec le réel. J’aime construire des mondes et superposer des couches dans mes images, jouant ainsi avec notre perception de la réalité.
Peux-tu expliquer ton travail autour de la mémoire ?
Depuis toujours, ma pratique est ancrée dans une exploration personnelle des souvenirs. Mes premiers projets consistaient à recréer des espaces et des émotions à partir de ma mémoire, en mettant en scène des décors dans lesquels je me photographiais. Je me servais de fragments que je pouvais reconstituer, transformant ainsi des souvenirs épars en images.
Vois-tu un lien entre le monde des rêves et celui des souvenirs ?
Il existe un lien évident entre les deux. Les rêves et les souvenirs sont tous deux fragmentés par nature et s’entrelacent souvent. Nos expériences passées et nos imaginaires se mêlent pour former quelque chose de nouveau. Dans les rêves, nous revisitons des lieux ou des instants de notre passé à travers une lentille déformée, créant ainsi une réalité alternative où les souvenirs sont réinterprétés de manière surréaliste.
Comment procèdes-tu techniquement pour réaliser tes images ?
Je travaille aussi bien en numérique qu’en argentique, en combinant flash et lumière naturelle selon les besoins de chaque prise de vue. Chaque situation photographique est différente et requiert une approche spécifique.
Quelles nouvelles perspectives photographiques aimerais-tu explorer ?
J’aimerais beaucoup reprendre un appareil 4×5 et explorer de nouvelles méthodes artistiques avec ce format.