

Noirs et blancs au cœur de la forêt boréale, les clichés de Nathalie Ericson, photographe et plasticienne suédoise, mêlent au monochrome ses pensées et les divinités qui habitent encore la Suède. Entre les troncs dénudés et l’absence de contraste, ses figures humaines, aussi mystiques que surréalistes, habitent le cadre dans une verticalité énigmatique. Moins sorcière que prêtresse la photographe se joue des codes gothiques – la forêt inquiétante, la femme seule face au paysage – et les détourne au service d’une double pulsion : donner à voir le soi dans son ancrage au monde forcément naturel, et les forces mystiques de ce même décor, empruntes de mythologies scandinaves. Définissant son travail comme « des autoportraits chorégraphiés explorant son monde poétique intérieur », elle produit à l’argentique une image travaillée, parfois altérée où se retrouve l’influence de Maya Deren et Jan Svankmayer qu’elle revendique comme inspirations premières. Ici une femme étreint les branches noueuses d’un bosquet, là un papillon domine un étang argenté, ou bien s’échappe, tel l’esprit d’un défunt, d’une croix qu’un rayon blanc traverse. Au service de cette religiosité alternative, la surimpression et les symétries artificielles de l’image évoquent un surréalisme revisité à l’aune d’influences nordiques et rendu possible par l’expérimentation technique et plastique. Autant de procédés dont la photographe use pour créer cette étrange impression d’apercevoir ce qui n’était pas destiné à l’œil humain. Les clichés surgissent ainsi comme les instantanés d’une forêt intérieure, peuplés de corps énigmatiques, ou extrait d’une histoire dont la photographie ne fixerait qu’une phrase : « J’écris mes photos autant que je les crée ».














