Photo Saint Germain présente, jusqu’au 25 novembre, l’exposition Lire les lignes du monde à la Galerie du Crous. Cinq artistes émergent·es documentent en images les séquelles de l’action humaine sur la Terre en portant un regard à la fois inquiet et résilient sur l’ère de l’anthropocène.
Pour son édition 2023, le festival Photo Saint Germain explore la thématique notre rapport à l’environnement. Comment façonnons-nous nos habitats ? Et comment ceux-ci nous façonnent en retour ? Quels sont les rêves et utopies qui surgissent des bouleversements contemporains ? L’exposition Lire les lignes du monde à la Galerie du Crous s’impose comme une rencontre entre l’humain et le non-humain, une réflexion autour de ce qu’est le vivant. Les projets de Coline Jourdan, Amélie Labourdette, Leslie Moquin, Marie Quéau et Maxime Riché sont ici rassemblés autour du thème de l’anthropocène, une ère géologique qui voit l’humain comme principal levier de changement des équilibres de la planète. Par des techniques photographiques innovantes, des enquêtes se déploient autour de nouvelles formes de vie et de vivre ensemble. Au cœur des images de ces artistes, les stigmates laissées par l’action humaine sur nos territoires.
Des témoignages photographiques de l’anthropocène
Coline Jourdan mène, depuis plusieurs années, un travail autour des mutations du paysage par l’action humaine. Artiste plasticienne, elle a participé à la Résidence 1+2, qui accueille des projets de science et photographie, et a enquêté sur la mine d’or et d’arsenic de Salsigne. « Mon engagement pour l’environnement intervient dans ma vie quotidienne. Alors que je cherche à me confronter au toxique dans ma pratique artistique, j’essaie de l’éviter autant que possible dans ma vie de tous les jours, à travers mes habitudes de consommation notamment » annonçait-elle, à la sortie de sa résidence en 2019. Marie Quéau, quant à elle, travaille sur les liens entre les êtres vivants, au sein de ces environnements transformés et défigurés. En 2017, elle présentait Le Royaume, une série qui se penchait sur les communautés marginales et les laissés-pour-compte. Dans sa récente vidéo La Lyse, elle analyse la place des rituels, de la conjuration et du désir de faire groupe aujourd’hui. Au travers de différentes captures (Bassin Takis à la Défense, Ex-Voto au Sanctuaire d’Aparecida au Brésil, Bénédiction de la ville à San Bartolome de Pinares en Espagne…), elle dessine de manière énigmatique les contours d’un monde embrumé où les corps luttent contre un extérieur menaçant et tentent de respirer. Dans l’univers d’Amélie Labourdette, le paysage est roi et témoin de notre histoire. Le rapport au territoire est charnel, intense et mélange art, photos et archéologie. Dans ses séries, la photographe immortalise ce que l’homme laisse derrière lui après son passage. « J’ai réalisé, en construisant mes projets en relation avec le territoire que je souhaite avant tout parler du paysage, cette archéologie du présent » explique-t-elle. Lire les lignes du monde trace des chemins entre l’environnement et celles et ceux qui l’habitent. Peut-être est-ce le constat de la fin d’un modèle, de l’évolution de l’anthropocène vers une ère où il ne sera plus possible de cannibaliser la planète.