
Transformer l’ennui en un objet tangible : voilà l’essence même de la photographie pour Pietro Bucciarelli. Photographe italien baigné dans l’univers de la mode, il confère à ses images une part de mise en scène exacerbée et une touche de réel inéluctable. « Ma relation avec la photographie est comme un élastique, qui s’étire et se raccourcit selon les moments. Parfois, je suis « en attente », et parfois je « parviens à… ». C’est pourquoi je peux m’identifier pleinement à ce que je capture. Tout ce que je photographie résulte de périodes lentes et spécifiques, bien que quelque peu douloureuses. J’aborde la photographie avec une sorte de timidité et de gêne qui me fait souvent attendre longtemps avant de réaliser ma vision, en particulier pour les prises de vue les plus complexes. Je partage mes expériences, mes imaginations, mes rêves et ce que je n’ai jamais vu, mais que j’aimerais voir ». Et dans cette relation à l’image, celle à la couleur est quelque peu ambigüe, Pietro Bucciarelli les aime « mais ne les comprends pas tout à fait ». Alors pour réaliser ses clichés, il commence par une prévisualisation en noir et blanc afin d’analyser l’éclairage, les ombres et les aspects de la scène. Ensuite, seulement il décide ou non de passer à la couleur. De cet agencement naissent des instantanées rassurants, visitant des instants vécus universellement. Une poire vieillie au soleil sur le plan de travail, une sieste bordée par un chat, des voyages interminables en voiture, un petit mot laissé par, ou à l’intention d’une maman, une aiguille feintant de piquer les peaux, tout y est juste et à sa place. Même si rien ne dépasse, rien n’est fait avec grandiloquence, car ce qui importe c’est de « transmettre, de la manière la plus simple et la plus pure, ce qui se trouve devant moi, tout en laissant mon imagination ajouter une touche de rêve. »