« Sarah Makharine, photographe et réalisatrice, scorpion, ascendant scorpion », se présente la concernée. Et en effet, peut-être par fidélité à son signe astrologique, les images de l’artiste reflètent une vitalité débordante, une traque de la beauté dans ses moindres recoins, et une détestation de la paresse et des lieux communs. Les belles affiches et les photographies de plateau du film Aftersun, réalisé par Charlotte Wells – où l’emploi de la lumière est remarquable – , on les doit à cette jeune artiste du début de la trentaine. Issue de banlieue parisienne, Sarah Makharine a fait ses premiers pas auprès de l’école Kourtrajmé, il y a trois ans. Avec esthétisme et profondeur, elle raconte à travers ses images une histoire qui mêle mélancolie et amour, mémoire et puissance, et surtout, elle vise une reconstruction des préjugés qui concernent la beauté et l’esthétisme. Mais pas si simple, quand on vient de l’univers de la publicité. Alors c’est « simplement en allant à la rencontre des nouvelles générations, en constatant à travers la photographie l’évolution », d’après elle, que l’on y parvient. « Notre métier est un archivage de notre environnement », résume-t-elle. Partout dans le monde, Sarah Makharine part à la rencontre d’hommes et de femmes, souvent isolé·es ou invisibilisé·es par les sociétés ou les religions, pour les donner à voir, en vue de réveiller les consciences. « Mon appareil est un prétexte pour faire parler l’autre, confie-t-elle. Ces invisibles pour moi sont la sève de nos vies. Leurs observations et leur pudeur me bouleversent. Leurs donner une voix à travers mon regard sonne comme une obligation dans mon travail. » Capturées dans l’eau ou dans un décor de montagne, sur le toit d’un HLM ou dans une soirée parisienne, ses muses, ses sirènes et ses mirages constituent autant de personnages qui habitent son univers doux et sensuel.