Ce mois-ci, Sarah van Rij et David van der Leeuw publient Metropolitan Melancholia, leur premier ouvrage, aux éditions Kominek. Fidèles à leur sujet de prédilection, le couple donne à voir avec poésie toute la complexité des métropoles, lieux d’effervescence et de solitude moderne sans pareil.
New York fait partie des endroits les plus photographiés au monde. Si l’on pourrait penser que cette muse éternelle a déjà dévoilé toutes ses facettes, Sarah van Rij et David van der Leeuw nous prouvent le contraire. Au cours de ces trois dernières années, le couple d’artistes, partenaires à la vie comme dans la création, s’est rendu à de nombreuses reprises dans la ville américaine, profitant de son séjour pour immortaliser les méandres de ses diverses pérégrinations. De ces voyages est né Metropolitan Melancholia, un beau-livre de 63 clichés, inédits pour l’essentiel, publié chez Kominek. Plus qu’un simple ouvrage sur la métropole, celui-ci propose une étude visuelle des populations évoluant au cœur de la cité moderne, balayée par un souffle de mélancolie.
Les contradictions d’un paysage emblématique
Il faut dire que les métropoles sont complexes. Plusieurs centaines de milliers de personnes les habitent et les traversent chaque jour, laissant dans leur sillage le spectre des histoires qui les animent. Celles-ci se superposent et, tel un palimpseste, se déchiffrent par couches. Des fragments se distinguent çà et là, dans le reflet d’une vitrine ou d’une flaque d’eau comme dans le dessin d’une ombre qui s’étend à n’en plus finir sur l’asphalte ou la façade d’un immeuble. Parfois, des silhouettes se devinent et laissent place à des visages où se lisent diverses émotions. Les existences s’entremêlent finalement à la hâte, dans la solitude des foules, cette beauté ignorée de celles et ceux qui ne s’adonnent pas à la flânerie et que cristallise avec beaucoup de poésie la lentille aguerrie du duo.
C’est de ce tourbillon incessant que se nourrit la réflexion de Sarah van Rij et David van der Leeuw. « Que se passe-t-il lorsque la réalité rompt les visions romantiques ou lorsque la solitude s’enracine au milieu de l’étalement urbain ? De nouveaux fantasmes peuvent-ils se former sous l’influence de ce qui a déjà existé ou sommes-nous uniquement liés à un cycle de modèles familiers ? », interrogent-ils en introduction. Au fil des pages, New York se devine alors au prisme de leurs attentes. Empruntant aussi bien des chemins inexplorés que ceux des cinéastes, photographes et autres démiurges de l’image qui l’ont précédé, le couple s’empare des contradictions de ce paysage emblématique. Ces tableaux urbains colorés et monochromes, relevant à la fois du surréalisme et de l’abstraction, esquissent ainsi les contours d’une autre narration, résolument cinématographique.
195 x 255 mm
96 pages
55 €