Shane Wheatcroft et ses décors à échelle humaine

03 novembre 2021   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Shane Wheatcroft et ses décors à échelle humaine

Sujets insolites ou tendances, faites un break avec notre curiosité de la semaine. Inspiré par le mouvement surréaliste, Shane Wheatcroft transforme les visages en décors loufoques, abritant des récits débridés.

Entre envolées surréalistes et esthétique vintage assumée, les collages de Shane Wheatcroft nous invitent à plonger tête la première dans le terrier du lapin blanc, pour découvrir un monde hallucinatoire, où les corps humains deviennent des miroirs déformants – des décors abritant de multiples récits. « Mon approche artistique est souvent désordonnée et accidentelle – un peu à mon image. Les choses se font toutes seules », confie l’auteur venu du Kent, au Royaume-Uni.

C’est le portrait de Mae West, réalisé par Salvador Dalí (une œuvre aux inspirations dada et surréaliste transformant un canapé rouge en lèvres de l’actrice américaine, NDLR) qui inspire à l’auteur ses premières réalisations anthropomorphes. Une influence inconsciente qui vient compléter une collection de références tout aussi inspirées : Peter Blake, Andy Warhol, Linder Sterling, John Stezaker, Peter Kennard, Jamie Reid… Et bien sûr, les magazines, livres et catalogues des années 1945 à 1970. « J’aime les couleurs et les techniques d’impression de cette époque. J’adore également le fait que le collage est une manière originale de recycler : des journaux qui prennent la poussière depuis plus de 50 ans dans un grenier peuvent ainsi devenir des trésors », ajoute Shane Wheatcroft.

© Shane Wheatcroft© Shane Wheatcroft

Un rêve fou

Fasciné par le « mélange de glamour et de mondain », l’artiste construit ses œuvres comme des puzzles, des casse-têtes à élucider pour transcender l’épreuve du temps. « Je commence souvent par trouver la bonne affiche de film – souvent une qui représentait la star du jour en gros plan. Je cherche ensuite un fond, pour tapisser l’intérieur du visage. Un élément qui devra faire écho aux couleurs, au style du portrait. Ensuite vient l’ajout de détails : des canapés, des tables, qui apportent de la matière à l’espace. Puis, les personnages s’y installent, et permettent à mon histoire de naître, de fleurir. J’ai souvent en tête une chanson, ou quelques bribes de paroles, qui deviennent le thème de mon collage. Je peux parfois passer une journée entière à chercher dans des centaines de magazines les bons éléments pour mes collages », raconte l’auteur.

La ligne rouge de ses créations ? Un œil, toujours présent. Souvent encadré, il devient le point d’attraction, le détail qui capte l’attention. Une manière de redonner à la forme originale sa dimension humaine, tout en jouant avec la notion de regard. Cet iris appartient-il au modèle ? Ou n’est-il présent que pour semer le doute ? Ce que nous observons est-il un rêve fou, sorti tout droit de notre imagination débridée, ou se contente-t-il de représenter l’emboîtement insensé de dizaines de narrations ? Sans offrir de réponses à ces interrogations, Shane Wheatcroft s’amuse à multiplier les fausses pistes, et à provoquer le rire comme l’incompréhension. Une belle manière de rendre hommage au raffinement des décennies passées, comme à inventivité sans borne des grands peintres.

© Shane Wheatcroft© Shane Wheatcroft
© Shane Wheatcroft© Shane Wheatcroft
© Shane Wheatcroft© Shane Wheatcroft

© Shane Wheatcroft

Explorez
Wolfgang Tillmans revient sur sa carte blanche au Centre Pompidou
Wolfgang Tillmans à la Bpi, janvier 2025 © Centre Pompidou
Wolfgang Tillmans revient sur sa carte blanche au Centre Pompidou
Le Centre Pompidou lui donne carte blanche jusqu’au 22 septembre 2025, dernier accrochage avant la fermeture du bâtiment pour cinq ans de...
03 juillet 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Marco Dos Santos fait feu de tout bois
© Marco Dos Santos
Marco Dos Santos fait feu de tout bois
Mais peut-il seulement tenir en place ? Depuis plus de vingt ans, Marco Dos Santos trace une trajectoire indocile à travers les scènes...
02 juillet 2025   •  
Écrit par Milena III
Pentax x Nation Photo x Fisheye : trois visions du surréalisme à Arles
© Melina Barberi
Pentax x Nation Photo x Fisheye : trois visions du surréalisme à Arles
À l’occasion des Rencontres d’Arles 2025, Fisheye Magazine, en collaboration avec Pentax et Nation Photo, a lancé un concours de...
01 juillet 2025   •  
Écrit par Fabrice Laroche
La sélection Instagram #513 : les yeux dans les yeux
© Miriana Corabi / Instagram
La sélection Instagram #513 : les yeux dans les yeux
À travers des autoportraits, des photographies de leurs proches et d'inconnu·es, les artistes de notre sélection Instagram de la...
01 juillet 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Fisheye #72 : la photographie comme acte de résistance
© Luke Evans
Fisheye #72 : la photographie comme acte de résistance
À travers son numéro #72, Fisheye donne à voir des photographes qui considèrent leur médium de prédilection comme un outil de...
Il y a 8 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Wolfgang Tillmans revient sur sa carte blanche au Centre Pompidou
Wolfgang Tillmans à la Bpi, janvier 2025 © Centre Pompidou
Wolfgang Tillmans revient sur sa carte blanche au Centre Pompidou
Le Centre Pompidou lui donne carte blanche jusqu’au 22 septembre 2025, dernier accrochage avant la fermeture du bâtiment pour cinq ans de...
03 juillet 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Sous les paupières closes : un rêve surréaliste à Arles
Two Dinners, 2024 © Nyo Jinyong Lian
Sous les paupières closes : un rêve surréaliste à Arles
Du 7 juillet au 5 octobre 2025, la Fisheye Gallery ouvre son espace arlésien à quatre artistes émergentes : Eloïse Labarbe-Lafon, Anna...
02 juillet 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Marco Dos Santos fait feu de tout bois
© Marco Dos Santos
Marco Dos Santos fait feu de tout bois
Mais peut-il seulement tenir en place ? Depuis plus de vingt ans, Marco Dos Santos trace une trajectoire indocile à travers les scènes...
02 juillet 2025   •  
Écrit par Milena III