Fisheye #52 est disponible ! Au menu de ce nouveau numéro ? Le Japon, dans toute sa diversité. Une exploration de la photographie émergente nippone poursuivie dans un tiré à part conçu en collaboration avec Women In Motion, le programme de Kering qui met en lumière les femmes dans les arts et la culture.
« S’atteler à un numéro spécial Japon n’est pas une démarche instinctive. Surtout en matière de photographie. Il faut déjà accepter que les rapports au monde, à la conscience, aux objets, à la nature ou aux relations humaines soient différents de tout ce que l’on connaît. Il s’agit d’oublier ce que l’on suppute (…) La photo n’est en rien un art consacré au pays du Soleil-Levant. Y parler de photographie, c’est comprendre qu’aucun auteur n’est prophète en son pays et que la reconnaissance est toujours venue de l’étranger »,
écrit Benoît Baume, directeur de la publication, dans l’édito de Fisheye #52. Et c’est donc avec un œil frais, neuf, en gardant à l’esprit notre volonté de mettre en avant la photographie émergente, que nous avons choisi de consacrer ce nouvel opus au Japon.
Au cœur ce numéro, ce sont les histoires, l’intimité des artistes qui transparaissent. Dans une culture où le dialogue est souvent rendu complexe, la photographie devient alors un outil essentiel, vital, pour s’exprimer et partager. Dans Reunite, Akihito Yoshida place un voile flou sur ses souvenirs passés avec sa grand-mère, comme une métaphore délicate du deuil. Kenya Sugai capture son environnement avec un flash puissant, et fait de l’ordinaire un décor loufoque. S’identifiant asexuelle, Momo Okabe relate, à travers Ilmatar son expérience de grossesse, rendue possible grâce à la fécondation in vitro. Entre réel et fantastique, Mikito Tanaka interroge notre relation à la nature et à la société non sans humour. Satoshi Fujiwara gomme quant à lui les détails caractéristiques de nombreuses manifestations, faisant de Bleached un conte dystopique, où les protestants évoluent dans un univers immaculé. Enfin, Shu Watanabe part – littéralement – sur les traces de son père, passionné par l’alpinisme et disparu en pleine montagne.
La diversité des regards féminins
Au cœur de Fisheye #52 se trouve également un tiré à part, réalisé en collaboration avec Women In Motion, le programme de Kering qui vise à mettre en lumière les femmes dans tous les domaines des arts et de la culture. Dans ce catalogue, dix femmes photographes japonaises (Yukari Chikura, Noriko Hayashi, Mayumi Hosokura, Ariko Inaoka, Ai Iwane, Momo Okabe, Harumi Shimizu, Mayumi Suzuki, Hideka Tonomura et Tamaki Yoshida) sont placées sous les projecteurs. Ce sont les artistes de 10/10 Celebrating Contemporary Japanese Women Photographers, une exposition soutenue par Kering | Women In Motion et conçue par Lucille Reyboz et Yusuke Nakanishi, fondateur·ice·s de Kyotographie, épaulé·e·s par Pauline Vermare, historienne de la photo et curatrice indépendante, dans le cadre du 10e anniversaire du festival, du 9 avril au 8 mai 2022 à la HOOSO gallery à Kyoto. « Pendant longtemps, nous avons observé le Japon à travers les yeux des hommes, comme si ne nous l’avions pas regardé complètement », déclare cette dernière. Véritable éloge de la diversité des regards féminins, et de la jeune création japonaise, cette exposition s’organise comme « une symphonie » mettant en avant la singularité de chaque photographe. Un voyage polyphonique présentant d’étranges rituels, des explorations scientifiques et environnementales, un périple en terre nordique, une introspection sensuelle ou encore une quête graphique et poétique de l’amour…
Vues du tiré à part Women in Motion
© à g. Kenta Nakamura