Le silhouette challenge, une tendance TikTok invitant les femmes à prendre confiance en elles, est devenu viral. L’occasion pour des individus malhonnêtes de s’approprier les vidéos et de les diffuser de manière pornographique.
Lancée en septembre 2016, par l’entreprise chinoise ByteDance l’application mobile TikTok s’est imposée comme un réseau social de référence, ayant déjà été téléchargée plus de 2 milliards de fois sur l’App Store et Google Play. Une prouesse d’autant plus impressionnante qu’elle est la seule application à ne pas appartenir au géant Facebook. Ses contenus les plus populaires ? Des trends, notamment des vidéos de danse, reprises en masse par les utilisateurs. Parmi celles-ci, le silhouette challenge, consistant à poser dans un couloir, éclairé.e par une lumière rouge tamisée, est devenu virale. Une manière de mettre en valeur les formes de son corps sans pour autant le révéler. Pour les participantes, l’intérêt semble évident : choisir de se montrer ainsi est synonyme d’empowerment. Une manière de se réapproprier un corps qui a été mis à mal par la société patriarcale et les dictats de la mode.
Comment combattre l’irrespect ?
Seulement, depuis quelque temps, des commentaires fleurissent, sous chaque publication – des utilisateurs qui avertissent les challengeuses que certaines personnes s’amusent à télécharger leur vidéo pour les éditer, de manière à ce que leur corps – souvent dénudés – puissent être aperçus. Pire, les coupables les publient même sur des sites à contenu pornographique. Si en France, la loi est claire – selon l’article L.122-4 du Code de la propriété intellectuelle « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit est illicite » – les réseaux sociaux altèrent, depuis plusieurs années, la définition même de la légalité. Comment, alors, combattre l’irrespect ? La violation de sa propriété ? Doit-on considérer qu’une personne publiant sur une application doit accepter le possible vol de son image ?
Alors que les posts des hackers se multiplient sur les forums en ligne, proposant des tutoriels pour mieux s’approprier les contenus, et que des compilations YouTube naissent, révélant les corps de ses femmes sans jamais chercher leur consentement, on est en droit de s’interroger. Pourquoi la censure puritaine des réseaux interdit-elle la moindre nudité consentie, artistique, lorsqu’elle permet à ses abonnés de partager des images qui ne leur appartiennent pas ? Comment ces délits flagrants parviennent-ils à déjouer les interdictions, tandis que des tétons floutés sonnent immédiatement l’alarme ? Ou bien est-ce un rappel aux femmes que le combat est loin d’être terminé : qu’une tendance initialement perçue comme une libération peut toujours tomber entre les mains de personnes obsédées par l’idée de leur arracher ce pouvoir…
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