Sujets insolites ou tendances, faites un break avec notre curiosité de la semaine. L’artiste visuelle Alice Rosati signe, avec I am a mermaid, une performance décalée, inspirée par la mythologie et le monde moderne.
« Je me considère comme une artiste visuelle et non une photographe. Ce médium représente pour moi un simple outil, comme la peinture à l’huile pour un peintre. Il me permet de raconter une histoire »,
déclare Alice Rosati. Venue de Milan, cette créatrice expérimente avec un boîtier depuis l’âge de 4 ans, n’hésitant pas à se mettre en scène pour construire des récits fantastiques. « I am a mermaid, livre photo publié par KAHL éditions est la documentation d’une performance qui a duré cinq ans, précise-t-elle. J’ai travail sur la conception du projet, son symbolisme, l’éditing des images prises… Mais ce n’est pas moi qui photographiais. Les clichés étaient pris par des inconnus ou, à défaut de passants, à l’aide du mode autoportrait. » Recouverte d’une combinaison dorée de la tête au pied, l’artiste se place dans des décors variés, jouant avec les esthétiques, les couleurs et l’absurde pour créer un conte métaphorique.
Une figure controversée
« Ma fascination pour les sirènes a commencé très tôt, grâce à l’œuvre d’Andersen, puis au film d’animation de Disney »
, précise l’artiste. Cet être mythologique apparaît dans de nombreuses croyances et traditions. Créature maléfique, charmeuse ou simplement mystérieuse, elle est responsable de catastrophes naturelles et attise le désir des hommes. « La sirène est un symbole, une métaphore, un archétype mystique, une figure controversée », ajoute Alice Rosati.
Refusant volontairement d’attribuer un genre à sa création, l’auteure s’inspire des mythes, de la pop culture et de la pratique Zentaï – un fétichisme sexuel lié au vêtement moulant assimilé à une seconde peau – pour développer son personnage. Pour elle, cette combinaison dorée représente l’enveloppe charnelle renfermant l’âme humaine. Le tout formant un être surnaturel, qui apporte au quotidien une dimension absurde. « Mon but est aussi de me moquer de l’art contemporain », plaisante-t-elle. En cinq années, la sirène s’est affaiblie. Ses écailles brillantes ont perdu de leur éclat, et sa peau ne cesse de s’abîmer. À l’image du conte original, elle décide finalement de mourir, « pour se reconnecter à l’absolu ». Entre lyrisme et ironie, Alice Rosati signe, avec I am a mermaid, une fiction moderne et impétueuse.
I am a mermaid, KAHL éditions, 50 €, 112 p.
© Alice Rosati