Le Sony World Photography Awards a remis à Susan Meiselas le prix Outstanding Contribution to Photography pour sa contribution exceptionnelle à la photographie. Une exposition à Londres revient sur ses cinq décennies de carrière du 17 avril au 5 mai 2025.
Susan Meiselas reçoit le prestigieux prix Outstanding Contribution to Photography du Sony World Photography Awards 2025, en reconnaissance de l’influence qu’elle a eue sur la photographie au cours des cinq dernières décennies. Une présentation spéciale de son œuvre est prévue à la Somerset House de Londres, du 17 avril au 5 mai 2025. Dans cette rétrospective seront montrées ses premières œuvres, 44 Irving Street, Prince Street Girls et Carnival Strippers, jusqu’aux plus récentes Pandora’s Box et A Room of their Own. Les éléments thématiques récurrents qu’elle a cultivés seront soulignés en mettant l’accent sur ce qui est souvent caché à la vue du public. Chacune de ces séries exprime l’intérêt de Susan Meiselas pour les communautés, les vies familiales, la dimension collective du vivre-ensemble. Du quotidien d’un quartier à une bande d’adolescentes en passant par un groupe de stripteaseuses anglaises ou des clubs S&M new-yorkais, ce sont les récits collectifs qui capturent l’objectif de l’artiste. Avant elle, d’autres grands noms de la photographie contemporaine ont reçu le Outstanding Contribution to Photography : Mary Ellen Mark (2014), Martin Parr (2017), Graciela Iturbide (2021), Edward Burtynsky (2022) et Sebastião Salgado (2024).
Réinventer le rôle du témoin en photographie
Au cours de cinq décennies, Susan Meiselas a créé un puissant corpus d’œuvres, élargissant les perceptions de la photographie documentaire grâce à ses portraits perspicaces de personnes au sein de leurs communautés. Les femmes occupent une place de relief dans son œuvre, largement consacrée à la défense de leurs droits et à la dénonciation des violences qu’elles peuvent connaître. En 2022, aux Rencontres d’Arles, avec la compositrice Marta Gentilucci, elle se penchait sur la vieillesse chez les femmes et ce qu’elle peut générer dans leur rapport au corps. Elle est aussi reconnue pour son travail de documentation sur les droits humains en Amérique latine, ainsi que pour la compilation d’une histoire photographique du Kurdistan. Au cœur de sa pratique, il y a l’envie de « réinventer le rôle du témoin en photographie » , comme le souligne Marta Gili dans Susan Meiselas (éd. Photo Poche), afin de donner une voix à celles et ceux qui n’en ont pas. Lors de la réception du prix, la photographe a déclaré : « Je suis honorée de recevoir ce prix pour ma contribution au monde toujours plus vaste de la photographie. Au cours des cinquante dernières années, j’ai eu le privilège d’assister à l’écriture de l’histoire et de partager la vie, souvent invisible, de celles et ceux qui y ont participé. Le travail exposé invite à la réflexion non seulement sur les photographies elles-mêmes, mais aussi sur les relations qui les ont façonnées et inspirées. »